Faire face à la maladie mentale, et notamment à la bipolarité est une véritable épreuve qui destabilise par son instabilité et sa complexité à équilibrer. Mais l’évangile et notre Foi en notre Sauveur nous permet de faire de notre bipolarité une véritable force. -Johanna
« Quand je choisis le bien je me sens bien. Je suis heureux quand je fais mon devoir. »
Il y a de bonnes chances que vous ayez chanté ces paroles à la Primaire étant enfant. Malheureusement, pour bon nombre d’entre nous ces mots sont plus faciles à dire qu’à faire.
Une partie importante de notre expérience sur terre (et pour certains elle semble être plus importante que d’autres) est le fait que nous traversons une variété d’émotions. Les émotions sont une bonne chose. Elles nous donnent des informations. Lorsque nous avons un bon pressentiment à propos de quelque chose, nous le faisons. Lorsque ce n’est pas le cas, nous nous abstenons. C’est assez simple, non ?
Et bien en fait, ça ne l’est pas. Pas toujours en tout cas. Particulièrement lorsque vous ne pouvez pas faire confiance à vos émotions. Je souffre de bipolarité. Croyez-moi, je sais de quoi je parle. Mais même sans trouble particulier, des choses peuvent nous arriver et affecter la fiabilité de nos sentiments.
Si nous ne pouvons pas toujours faire confiance à nos sentiments, comment pouvons-nous discerner la vérité ? Sommes-nous condamnés à avancer à tatillon dans le noir indéfiniment ?
J’ai trouvé un moyen de discerner la vérité et de trouver de l’espoir, même lorsque nos émotions déforment notre perspective. Ce faisant, j’ai appris que le Seigneur n’a pas l’intention d’abandonner qui que ce soit. Il lui est possible d’élever tous ces enfants, non pas malgré nos épreuves, mais à travers nos épreuves.
Comme en novembre dernier par exemple.
Poser les Bonnes Questions
Tout allait si bien pour moi. Profitant de ce que la médecine appelle « mania », j’étais pleine d’énergie et de motivation et j’étais impliquée dans plusieurs projets intéressants. Rien ne pouvait m’arrêter.
Du moins, c’est ce que je croyais.
J’oubliais juste une petite chose (comme d’habitude) : la phase maniaque ne dure pas indéfiniment. Après trois mois de productivité effrénée et d’optimisme exagéré, la dépression m’a frappée comme une tonne de briques
Heureusement pour moi, je savais ce qu’il m’arrivait. Quatre ans s’étaient écoulées depuis mon premier diagnostic, et une dépression soudaine et profonde n’était pas une nouveauté pour moi. Cependant, ce qui m’a pris par surprise était une question effrayante qui hantait mon esprit :
Si la dépression et les phases maniaques déforment ta vision de la réalité, alors comment arriveras-tu un jour à savoir ce qui est réel et ce qui ne l’est pas ?
C’est en effet une question intéressante vue de l’extérieur. Mais lorsque vous venez de faire une chute émotionnelle de 15 mètres, c’est une autre histoire et j’étais terrifiée.
Donc, qu’est-ce que j’allais faire ? J’avais toujours été tellement concentrée à chercher ce qui n’était pas réel que j’en avais oublié de chercher ce qui l’était. Pour traverser ces terribles changements d’humeurs, j’allais devoir me raisonner et me rappeler que la lumière existe même quand tout semble obscure autour de moi.
La solution m’est venue sous la forme d’un carnet de notes.
Trouvez la Vérité
Rassembler les vérités et les noter chaque jour vous donnera quelque chose sur quoi vous rattacher lorsque tout semble noir.
Parfois, vous devez revenir aux fondamentaux. C’est sûr que la doctrine profonde est merveilleuse mais lorsque la vie devient vraiment, vraiment dure, les premières choses que nous remettons en question, ou sur lesquelles nous nous appuyons selon les cas, sont ces simples vérités. Dieu existe-t-il ? Est-ce qu’il m’aime ? Si c’est le cas, alors pourquoi (telle ou telle épreuve) m’est-elle arrivée ?
Il existe une multitude de façons de répondre à ces questions. L’astuce est de se souvenir des réponses lorsque vous en avez vraiment besoin.
Je n’ai jamais réussi à être constante dans l’utilisation de mon journal intime. J’ai toujours pensé qu’il fallait tout écrire. (Imaginer ma postérité en train de lire par-dessus mon épaule n’aide pas non plus.) Mais lorsque la dépression m’a enfin laissée tranquille, j’étais déterminée à trouver un moyen de renforcer la vérité dans mon esprit.
Un soir j’ai trouvé l’inspiration alors que je tournais les pages d’un carnet que je venais d’acheter. Et si je mettais de côté les noms et les endroits ? Et si je ne me concentrais que sur la rédaction des choses que je sais et que j’apprends chaque jour ? Car même dans les moments obscurs, je sais que je continue à apprendre des choses.
Alors j’ai commencé ce que j’aime appeler mon « Journal de Vérité. » Voici ce que je conseillerais à toute personne intéressée par faire la même chose :
- Commencez par écrire des réalités fondamentales. Et j’insiste sur « fondamentales ». Je crois me rappeler que ma première page mentionne ma nourriture préférée —qui ne change pas peu importe mon état, pas vrai ? Et bien c’est ça le but.
- Faites la liste des gens pour qui vous comptez vraiment. Lorsque les choses deviennent difficiles, ils sont ceux vers qui vous voudrez aller. Pour moi, il s’agit de ma famille (y compris ma famille éloignée), mes colocataires, un groupe d’amis et mon Père Céleste.
N’oubliez pas ce dernier. Mettez-le-vous bien dans la tête. Son amour est certainement la première chose que vous remettrez en doute lorsque les choses iront mal, et pourtant c’est la chose la plus importante à nous rappeler.
- Etudiez les écritures et les paroles des prophètes. Au fur et à mesure que les pages de mon journal se remplissaient de simples vérités, je savais que le temps était venu de chercher plus profondément. Comme il me l’avait été conseillé dans une bénédiction, j’ai commencé à écrire les citations d’écritures et de discours de Conférences Générales, ainsi que les sentiments qui me venaient à l’esprit à l’église.
En moins d’un mois j’étais passé d’une recherche de vérités de surface à une recherche quasiment de détective. Je les cherchais avec enthousiasme, partout où j’allais.
Et je les trouvais. Oh combien ! Au lieu de simplement m’accrocher aux fondamentaux, je me construisais d’une manière que je n’aurais jamais crue possible.
Allez Vers la Lumière
Consacrez chaque jour un moment pour développer des habitudes spirituelles. Garder ces habitudes vous donnera une plus grande stabilité, peu importe les épreuves que vous traversez !
Président Henry B. Eyring savait de quoi il parlait lorsqu’il a dit :
Nous devrons avoir développé et nourri notre foi en Jésus Christ bien avant que Satan ne nous attaque, et il le fera. . . . .Ces tempêtes spirituelles font déjà rage. Nous pouvons prévoir qu’elles vont empirer jusqu’à ce que le Sauveur revienne. Cependant nous avons beaucoup de foi pour obéir à Dieu, et nous devrons la fortifier continuellement et la préserver constamment.
parce que ses conseils sont cruciaux ! Je pouvais nettement en ressentir les effets vers la fin des vacances de Noël. Après avoir fait mes Réserves de Foi régulièrement pendant deux mois, je me sentais mieux préparée pour le poids des épreuves de la vie. Ce qui tombait bien car j’étais sur le point d’en vivre une nouvelle.
Bien que la période de Noël auprès de ma famille en Australie avait été merveilleuse, je me suis une nouvelle fois retrouvée en difficulté avec mes émotions. Je ne savais pas pourquoi, mais je n’arrivais pas à me sentir optimiste en voyant arriver la nouvelle année. Tout ce que je pouvais voir dans mon futur était la misère.
Ça vous rappelle quelque chose ?
J’étais emprisonnée corps et âme par cet état d’esprit pendant quelques temps. Mais même dans cet état de peur, j’étais déterminée à retrouver l’espoir que j’avais su trouver. Je me suis agenouillée au pied de mon lit chaque matin et chaque soir, et j’ai lu mes écritures diligemment.
Ma quête de vérité n’était pas terminée. Bien au contraire ; malgré ce que je ressentais, ma recherche s’intensifiait.
Et quelque chose d’amusant s’est passé. Mes sentiments ne se sont pas dissous comme beaucoup d’entre vous pourraient le penser, ce n’est pas possible. La bipolarité ne marche pas comme ça. Mais au-delà de mes pensées sombres se profilait une très faible lueur à l’horizon, l’Espoir. Bien que je n’avais que très peu de motivation pour faire quoi que ce soit d’autre, je me suis mise à aller vers lui. A l’espérer. A l’attendre.
Je savais désormais que quels que soient les hauts et les bas que je traversais, la vérité était la vérité, et cela ne changera pas.
Changez la Vérité en « Réserve de Foi »
« Réserves de Foi » et réserves alimentaires nécessitent les mêmes types d’ingrédients : elles ont toutes les deux besoins d’être planifiées avec attention et d’être entretenues régulièrement.
Quelle est l’utilité de trouver des vérités si vous les mettez ensuite de côté et vous les oubliez ? Vous devez créer un système de « Réserve de Foi » auquel vous pourrez accéder dans les moments difficiles, lorsque vous avez besoin d’espoir.
Beaucoup d’entre vous avez sans doute entendu parler du discours de Président Hinckley : « Si Vous Etes Préparés, Vous ne Craindrez Pas. » Pour ceux qui ne le connaissent pas, lisez-le. Il est merveilleux. Je souhaiterais quand même attirer votre attention sur les derniers paragraphes qui parlent de l’importance des réserves alimentaires.
- Faites-vous une réserve de choses dont vous avez vraiment besoin—des choses qui pourrons vous nourrir. Vous ne pouvez pas simplement mettre cinquante seaux de blé dans votre sous-sol et vous en tenir à ça. Vous devez choisir des choses qui sont mangeables de préférence, nourrissantes et délicieuses! Le même principe s’applique à la Réserve de Foi. Si votre foi est vacillante sur un aspect spécifique de votre vie, il faut commencer par ça.
Voici quelques suggestions :
- Centrez vos études des écritures et vos prières sur le sujet pour lequel vous avez besoin d’aide.
- Cherchez des discours de Conférences Générales sur le sujet en question, et notez les idées pertinentes dans votre carnet.
- Efforcez-vous d’être plus obéissant dans ce domaine de l’Evangile—mettez le principe à l’épreuve pour faire l’expérience des fruits qu’il produit.
- Utilisez les choses que vous avez mises en réserve. Les boites de conserves ne durent pas indéfiniment malgré ce que peut penser votre grand-mère—je m’abstiendrai pour ces haricots verts de 1983, merci. Vous devez garder un œil sur vos réserves et les utiliser régulièrement. Les Réserves de Foi marchent de la même manière. Retourner dans votre Journal de Vérité pour y retrouver des notes que vous aviez prises et vous rappeler ce que vous avez appris.
- Réapprovisionnez vos réserves. Evidemment, au fur et à mesure que vous utilisez vos réserves, vous devez remplacer ce que vous consommez. Du point de vue spirituel, votre besoin constant d’alimentation spirituelle demande que vous réapprovisionniez en permanence vos Réserves de Foi. En recevant « ligne sur ligne, précepte sur précepte », votre lumière deviendra « de plus en plus brillante jusqu’au jour parfait. » (2 Nephi 28:30; D&A 50:24; Voir aussi Alma 12:9-11).
Cela Fait une Différence
Même si certains moments peuvent sembler sombres, effrayants, stressants et vous font paniquer, rappelez-vous toujours que la vérité est là. Et vous pouvez lui faire confiance.
Permettez-moi de répéter : Notez les choses que vous apprenez. Je ne peux pas le répéter assez. Vous ne pouvez tout simplement pas faire confiance à votre mémoire. Si vous êtes déprimés vous vous souviendrez des choses sous un angle négatif, et si vous êtes bipolaire, et bien vous ne vous souviendrez certainement de rien du tout. Votre seule chance est de vous appuyer sur ces choses que vous savez être vraies.
Pour vous rendre compte de ce à quoi cela peut ressembler, je vous renvoie à 3 Néphi 10 : 9-10 :
Et il arriva que les trois jours passèrent ainsi. Et c’était le matin, et les ténèbres se dispersèrent de la surface du pays, et la terre cessa de trembler, et les rochers cessèrent de se fendre, et les terribles gémissements cessèrent, et tous les bruits tumultueux s’apaisèrent.
Et la terre se referma, de sorte qu’elle s’affermit ; et le deuil, et les pleurs, et les lamentations du peuple qui était épargné et vivant cessèrent ; et son deuil se transforma en joie, et ses lamentations en louanges et en actions de grâces au Seigneur Jésus-Christ, son Rédempteur.
Les Néphites ont appris que, grâce au Sauveur, la lumière et l’espoir peuvent remplacer l’obscurité et le désespoir.
Même si certains moments peuvent sembler sombres, effrayants, stressants et vous font paniquer, rappelez-vous toujours que la vérité est là. Vous pouvez lui faire confiance. L’obscurité se dissipe. Dieu a toujours un plan pour vous. Il y a toujours, toujours de l’espoir.
Maintenant allez faire vos recherches de détectives !
Connaissez-vous quelqu’un ayant eu une expérience semblable à la mienne ? Envoyez-leur cet article ! Qui sait, cela pourrait donner lieu à une conversation qui mènera à une conversion.
Article écrit par Marian Spencer, publié dans LDS.net et traduit par Samuel Babin
