Il y a des choses que nous ne pourrons jamais éviter dans cette vie, comme la perte d’un être cher…ou la perte tout court. Un véritable travail de deuil est nécessaire si nous voulons renaître et construire quelque chose d’encore plus solide sur nos cendres. -Johanna

Personne ne traverse cette vie sans pleurer. Peut-être que nous devrions remarquer que notre première expression, à la naissance, ce sont les pleurs. Oui, nous espérons tous plus de bonheur que de tristesse, mais ne vous méprenez pas : le deuil nous rendra tous visite.

Et c’est normal de pleurer quand nous perdons un être cher. Cela ne démontre pas un manque de foi ou de l’apitoiement sur soi ; cela montre la profondeur de notre amour. Dans les Doctrine et Alliances, il est dit : « Vous vivrez ensemble dans l’amour, de sorte que vous pleurerez la perte de ceux qui meurent. » (D&A 42 :45.) Mais même si nous avons conscience que la mort est fêtée de l’autre côté du voile comme un retour à la maison, nous nous angoissons à l’idée de perdre ceux que nous aimons. Et qui parmi nous n’a pas ressenti un sentiment d’injustice à la vue de parents enterrant leur enfant ? Ou la perte d’un membre de la famille suite aux violences de guerre ?

La perte et le deuil

cimetierre

Nous pleurons aussi d’autres pertes. La trahison, la cruauté, l’abus, la mort spirituelle et les échecs en tout genre nous font douloureusement mal. La puissance de notre douleur est parfois si écrasante que nous nous demandons comment nous pourrons à nouveau fonctionner normalement. Nous regardons autour de nous et nous nous demandons comment nous pouvons survivre à l’intensité de la douleur que nous ressentons.

Bien sûr, nous savons que le Sauveur connaît chaque once de nos souffrances ainsi que l’agonie des autres. L’esprit mortel ne peut concevoir comme Il a pu prendre sur Lui chaque péché et chaque peine, et pourtant Il l’a fait. Tandis que nous célébrons à Pâques sa glorieuse résurrection, nous ressentons de l’humilité et de la reconnaissance pour l’expiation indescriptible du genre humain que Lui seul a accompli.

Savoir qu’Il comprend et qu’Il a de la compassion pour nos peines nous aide. Personne ne peut vraiment comprendre ce que nous ressentons, mais nous savons que notre Sauveur le peut. Il peut nous aider dans les ténèbres et nous maintenir à flot à travers les vagues du deuil lorsque chaque minute est une lutte. Mais nous devons aussi nous souvenir que nous voyageons sur ce chemin individuel à notre propre façon, et que c’est un voyage très personnel.

Des amis bien intentionnés, qui désirent seulement nous avoir aller mieux, essayent de nous faire avancer à travers les étapes du deuil plus vite que ce que nous sommes capables de naviguer. « Tu as juste besoin de sortir de la maison », ou « Lance-toi, rends service, comme untel et untel, » sont des conseils typiques. Et parfois c’est exactement ça. Mais seul vous saurez quand et comment passer à la prochaine étape. Certains ont besoin de se plonger dans un projet ou une distraction, pour rester sains d’esprit et redonner un sens à leur vie. D’autres ont besoin de prendre du recul, de réfléchir et de passer du temps seuls.

Je me souviens d’une amie bien intentionnée qui m’a conseillé d’aller courir en bordure de rivière à une époque où je vivais un deuil difficile. Ca avait marché pour elle, parcequ’elle court. Et j’ai essayé. Mais cela n’a pas eu le même effet sur moi ; en fait, cela a épuisé la force dont j’avais besoin pour m’en sortir. Cela a été une bonne leçon pour moi, nous avons tous besoin de faire les choses d’une façon qui nous convient exclusivement.

Les étapes du deuil

faire son deuil

Prenons le temps d’examiner les étapes du deuil comme identifiées par les psychologues. Ce sont toutes des réactions naturelles, et ravaler notre douleur et refuser de passer par ces étapes nous conduira possiblement à des problèmes persistants, non résolus, auxquels nous devrons faire face plus tard, probablement aggravés.

En premier vient le Déni, un réflexe lorsque nous n’arrivons pas à croire ce qui vient de se passer. Il nous aide à faire face aux faits difficiles et certains d’entre nous échappons à la réalité pendant très longtemps. Certains experts pensent qu’une autre étape – la Culpabilité – peut survenir après. La deuxième étape est la Colère, nous tempêtons contre le coup terrible que nous venons d’encaisser. « Pourquoi moi ? » nous nous demandons. Nous trouvons injuste que les autres ne souffrent pas autant que nous. Nous cherchons quelqu’un à blâmer, souvent Dieu. Certaines personnes se retrouvent bloquées dans cette étape pendant des années, alimentant leurs rancunes et intensifiant les flammes de la fureur vis-à-vis de celui qui les a blessé il y a très longtemps.

Ensuite il y a le Marchandage. Dans cette étape, nous essayons de passer un marché, souvent promettant à Dieu que nous mettrons notre vie en ordre, si seulement il pouvait enlever les épines. La Dépression est la quatrième étape, quand nous tombons dans le désespoir, incapables d’espérer, incapables de voir un futur heureux. Et finalement nous passons à l’Acceptation. Non, nous n’oublions pas notre perte ou notre blessure, mais nous trouvons un moyen de nous relever et d’avancer. Nous avons grandi tout au long de ce chemin et nous aidons ceux qui commencent à peine leur voyage. Nous retrouvons un but dans la vie, des façons de nous épanouir, et même à nouveau des morceaux de joie. Et personne ne peut le précipiter ; le temps que nous passons dans chaque étape est différent pour chacun.

Thomas S. Monson a parlé de certaines de ces étapes lors d’un discours de Conférence Générale en 1993 appelé, « Comment affronter les difficultés de la vie ». Il a dit : « Quand le chemin de la vie prend une direction défavorable, on est tenté de dire ou de penser: «Pourquoi moi?» Se culpabiliser est fréquent, même quand nous ne sommes aucunement responsables de nos difficultés…cependant, de temps en temps, il semble qu’il n’y a pas de lumière à la fin du tunnel, que l’aube n’arrivera jamais pour disperser l’obscurité de la nuit. Nous nous sentons entourés des douleurs de cœurs brisés, de la désillusion des rêves ruinés et du désespoir des espérances évanouies. Nous nous joignons nous aussi à l’invocation biblique: «N’y a-t-il pas de baume en Galaad?» Nous sommes poussés à voir nos disgrâces à travers le prisme du pessimisme. Nous nous sentons abandonnés, trahis et seuls.

A tous ceux qui désespèrent, je veux offrir le réconfort de la parole du psalmiste: «Le soir arrivent les pleurs, et le matin la jubilation.»

“Le soir arrivent les pleurs, et le matin la jubilation”

Chaque fois que nous nous sentons écrasés par les fardeaux de la lutte pour la vie, rappelons-nous que d’autres ont parcouru le même chemin, qu’ils ont persévéré et qu’ils ont vaincu.

D’après un article écrit par Joni Hilton pour LDSmag, traduit par Johanna