Ce que nous savons

Dans ​2 Néphi 27:19​, Néphi a prophétisé : “C’est pourquoi, il arrivera que le Seigneur Dieu remettra de nouveau le livre et les paroles qu’il contient à celui qui n’est pas savant ; et l’homme qui n’est pas savant dira : Je ne suis pas savant.”​ Cette prophétie fait clairement référence au prophète Joseph Smith qui était un fermier, pauvre, de 21 ans lorsqu’il a reçu les plaques d’or de l’ange Moroni.

En 1832, Joseph Smith a écrit de sa propre main qu’il avait été “privé des avantage de l’instruction scolaire. Je me contenterais de dire que j’étais presqe instrui en lecture et les règles de base de l’Arithmétique, ce qui constituaient l’ensemble de mes acquisitions littéraires”​ (ndlt : les fautes d’orthographes présentes dans le texte originale ont été conservées). Bien que cette citation, ainsi que les mots mal orthographiés, mette l’accent sur les limites de l’instruction de Joseph, elle ne doit pas être considérée comme une déclaration illustrant qu’il était complètement illettré.

Bien que le passé incomplet de l’assistance scolaire de Joseph soit difficile à déterminer, un chercheur a récemment estimé que Joseph était allé pendant presque sept ans à l’école. ​

Nous devrions aussi prendre en compte l’instruction extrascolaire de Joseph. Apparemment, il lisait la Bible avec diligence, assistait à l’Ecole du Dimanche, participait au club de débat et était instruit, dans une certaine mesure, par ses parents et ses frères et soeurs qui avaient une instruction respectable.

Pourtant quel que soit le nombre d’années (ou de temps) où Joseph est allé à l’école, ou à quel point ses occasions supplémentaires d’instructions l’ont aidé, ou à quel point il apprenait vite, ou à quel point il avait une bonne mémoire, ou à quel point il avait de l’imagination, cela ne change rien au fait que lui et ceux qui l’entouraient, à la fois ses amis et ses ennemis, le décrivait comme relativement sans instruction.

Joseph Smith était un homme sans instruction

An Obscure Boy par Joseph Brickey.

La mère de Joseph se souvenait qu’il était “moins enclin à lire attentivement des livres que le reste de nos enfants”. Elle décrivait que “à 18 ans” il n’avait “jamais lu la Bible en entier, de toute sa vie.”​ Sa femme, Emma, expliquait qu’à l’époque de la traduction, il “ne pouvait ni écrire ni dicter une lettre bien structurée voire cohérente; encore moins dicter un livre tel que le Livre de Mormon.”​ De même, Martin Harris déclarait que Joseph était “un écrivain médiocre, et qu’il n’arrivait même pas à rédiger une note car son instruction était tellement limitée.”​ Et David Whitmer le décrivait comme “sans éducation,”​ un “homme d’une instruction limitée,” et “méconnaissant la Bible.”​

Joseph arrivait à lire et à écrire, à un niveau élémentaire de compétence, certes, mais son orthographe et son style indiquaient qu’il n’était pas un écrivain accompli du 19ème siècle. Comme le révèle Robert Rees qui a mené des recherches sur le sujet et évalué le potentiel de Joseph Smith :

Le récit de la Première Vision, écrit de la main de Joseph, en 1832 n’est grammaticalement pas correct, il est écrit avec un faible sens de la ponctuation, de la composition et de la structure, et bien qu’il soit sincère et authentique, il démontre peu de preuves de compétence et de confiance stylistiques ou de composition. De toute évidence il y a des traces d’une expression éloquente, mais elle est hésitante et immature.

Ainsi, à la lumière des déclarations même de Joseph Smith et des descriptions de ceux qui le connaissaient le mieux, et des échantillons de ses premiers écrits, il est évident qu’il manquait véritablement d’apprentissage formel, tout comme Néphi l’avait prophétisé. Quels que soient les talents naturels que Joseph ait pu développer, ils n’étaient pas suffisants pour éclipser son inexpérience et son niveau élémentaire de scolarisation au moment de la traduction du Livre de Mormon.

 

Pourquoi

Bien que de nombreux américains éminents se soient sortis de la pauvreté et de l’ignorance pour réaliser de grandes choses, l’accomplissement de Joseph Smith est extraordinairement unique. Pourquoi? En partie parce que le Livre de Mormon a été traduit au début​, plutôt qu’à la fin de son évolution en tant qu’écrivain. ​

Selon Rees, le développement des compétences littéraires de Joseph Smith n’avait rien à voir avec les auteurs célèbres du 19ème siècle. Pour ce qui est d’Emerson, Thoreau, Hawthorne, Melville et Whitman, il y a des preuves qui démontrent qu’ils ont eu la chance d’avoir une instruction exceptionnelle ou une longue période de développement en tant qu’écrivain et, pour la plupart, les deux à la fois.​ 

En revanche, Rees a relevé qu’avant 1830, “nous n’avons pratiquement rien de Joseph Smith qui illustre sa façon de penser ou son écriture et qui puisse indiquer qu’il était capable d’être l’auteur d’un livre tel que le Livre de Mormon, un livre qui est beaucoup plus conséquent, complexe et divers que ses critiques ont pu considérer ou étaient prêts à admettre.”​

Juste parce que nous n’avons pas la preuve de quelque chose, cela ne signifie pas que ce n’est pas arrivé. Il serait tiré par les cheveux de partir du principe que, pendant ses années d’adolescence et de jeune adulte, Joseph Smith était d’une manière ou d’une autre secrètement en train de concevoir le Livre de Mormon. Quelqu’un, à un moment donné, aurait sûrement remarqué s’il avait passé une quantité considérable de temps à lire ou à écrire afin de se préparer pour sa traduction. Pourtant il n’existe pas de document fiable qui rapporte cela, que ce soit dans la famille de Joseph ou en-dehors.

De plus, la pauvreté de la famille Smith nécessitait de longues heures de “travail continuel” de la part de tous ceux qui étaient capables de travailler (Joseph Smith Histoire 1:55). Comme Rees l’a affirmé, la notion que “Joseph avait du temps pour lire abondamment, entamer des recherches, faire plusieurs brouillons et façonner l’histoire, les personnages, l’action, les différents points de vue et les nombreux styles rhétoriques qui constituent l’histoire du Livre de Mormon, un ouvrage de plus de cinq cents pages, est tout simplement incroyable (dans le sens latin du terme : ‘qu’il ne vaut pas la peine de croire.”)

La Première Vision, par Gary L. Kapp

La Première Vision, par Gary L. Kapp

Ceci étant dit, nous pouvons comprendre plus clairement pourquoi le Seigneur lui-même, à travers la voix du prophète Esaïe, parle de la parution du Livre de Mormon comme d’une “oeuvre merveilleuse et un prodige” (​2 Néphi 27:26​) et voir que cette description prophétique s’est réalisée.

Une grande partie du contenu historique authentique du Livre de Mormon serait allé au-delà de la capacité d’un érudit expérimenté et cultivé en 1830.​ Et le texte, dans son ensemble, est beaucoup plus complexe et sophistiqué que ce que les contemporains de Joseph Smith, voire Joseph Smith lui-même, aient jamais réalisé. Puisqu’il en est ainsi, il est très improbable que quelqu’un, dans les années​ 1820, ait pu créer un tel livre, encore moins un individu aussi mal préparé que Joseph Smith.

A moins d’avoir été produit par des moyens divins, la sophistication, la complexité, le contenu historique authentique et le pouvoir spirituel du Livre de Mormon ne présentent le monde avec aucune anomalie. Comment quelqu’un de si jeune, inexpérimenté et peu instruit puisse dicter un tel texte en moins de 60 jours de travail sur la période du 7 avril au 28 juin 1829, sans l’aide de notes ou de documents de référence et sans aucune révision qui vaillent la peine d’être mentionnés?​

L’inexpérience et la faiblesse de Joseph Smith, en tant qu’écrivain, n’a d’autre effet que de magnifier intensément la nature miraculeuse du Livre qu’il a amené eu monde par des moyens divins. Son manque visible d’instruction démontre également la façon dont le Seigneur utilise souvent les choses faibles et simples du monde pour “confond[re] les sages.”​ (Alma 37 :6-7)

 

Pour en savoir plus

Robert A. Rees, “​Joseph Smith, the Book of Mormon, and the American Renaissance: An Update​,” ​Interpreter: A Journal of Mormon Scripture​ 19 (2016): 1–16.

Robert A. Rees, “​John Milton, Joseph Smith, and the Book of Mormon​,” ​BYU Studies Quarterly ​54, no. 3 (2015): 6–18.

Robert A. Rees, “​Joseph Smith, the Book of Mormon, and the American Renaissance​,” Dialogue: A Journal of Mormon Thought​ 35, no. 3 (2002): 83–112.

Richard Lloyd Anderson, “​The Early Preparation of the Prophet Joseph Smith​,” ​Ensign​, December 2005.


La version originale de cet article a été publiée sur knowhy.bookofmormoncentral.org et traduite par Nathalie.