Deuxième prise.

Joueurs sur les deuxièmes et troisièmes bases.

Dernière manche, 2 d’éliminés.

Swing et rate.

Troisième prise : partie terminée.

Braden se tenait là, sur le marbre : la batte dans les mains et les épaules basses, écoutant l’autre équipe de baseball crier de joie et célébrer. Il s’est mis en file avec les autres joueurs en baissant la tête pour taper dans les mains des joueurs de l’équipe adverse, répétant encore et encore : « bien joué ».

Aidant son père à ranger les équipements, il attendit que le dernier de ses coéquipiers soit parti. Enfin seul, Braden laissa couler une grosse larme de crocodile, incapable de se retenir plus longtemps.

Je mourrais d’envie de courir vers lui, de le tenir dans mes bras et de dire à son jeune cœur de sept ans que tout allait bien, mais je ne l’ai pas fait. Au lieu de ça, j’ai regardé son père mettre un genou à terre et demander à son fils ce qui n’allait pas.

« On a perdu à cause de moi », les larmes coulant sur son visage plein de poussière.

« Le score était 12 à 1 mon fils, on n’aurait pas pu gagner cette partie même si tu avais fait un home run. Tu te mets beaucoup de pression sur le dos. »

« Mais j’ai raté les sept fois ou j’avais la batte. »

« Et je suis sûr que tu rateras encore à l’avenir, beaucoup de fois, mais là n’est pas la question. »

« J’ai laissé tomber mon équipe. »

“Non, ce n’est pas vrai. Tout le monde a fait de son mieux ; vous avez joué en équipe. Ce qui veut dire que parfois vous gagnez en tant qu’équipe, et parfois vous perdez en tant qu’équipe. » Puis, alors que l’appel à la raison ne marchait pas, son père a placé une main sur sa petite épaule et lui a dit qu’il était normal d’être triste. Que ce n’était pas grave de pleurer.

Après quelques secondes, Braden renifla une dernière fois, donna une accolade à son père en guise d’au revoir, puis vint me voir. Je lui demandai s’il voulait en parler, et il m’a juste dit que tout irait bien : « J’ai juste besoin d’être triste pendant un moment. »

Dans le magasin de glaces, il a commencé à redevenir lui-même, riant en se rappelant comment son demi-frère lui faisait des grimaces pendant la partie, et me disant qu’il voulait de la glace au chocolat sans la cerise dégoutante.

la compassion s'apprend avec de bons exemples et des mots qui expliquent les émotions

En cherchant un endroit ou nous asseoir, nous sommes passés devant une famille de l’équipe qui avait gagné. Braden pris un moment pour dire au garçon qu’il avait « bien joué. »

Et c’était tout. Ce qu’il avait ressenti : la déception, la honte et la gêne, avait disparu. Il était passé à autre chose, et grâce à cela il était capable de faire preuve de fairplay et d’un simple acte de gentillesse.

Lors de la partie suivante, alors que l’équipe adverse les détruisait totalement, Braden était trop occupé à s’amuser pour penser à être fâché. J’ai remarqué le changement d’attitude, me rappelant la semaine précédente, quand j’avais regardé de loin, reconnaissante que son père lui ai dit exactement ce qu’il avait besoin d’entendre. Non seulement pour alléger son fardeau, mais pour montrer à son fils comment traverser cette épreuve.

Trop souvent, nous disons à nos petits garçons de se conduire « comme un homme ».

« Ce sont les bébés qui pleurent. »

Bien que je ne sois pas d’accord avec les parents qui font trop de câlins ou qui en font trop pour aider leurs enfants à surmonter les déceptions auxquelles ils devront inévitablement faire face, je vois un besoin de revoir la façon avec laquelle nous réagissons et nous traitons nos fils et leurs émotions : parce qu’ils en ont.

D’ailleurs, il est important qu’ils en aient.

  1. Ecoutez-le

Nous devons être là pour eux. Essayez de les aider à comprendre ce qu’ils ressentent, et qu’il est normal qu’ils le ressentent ainsi. Lorsque nos sentiments sont validés par quelqu’un d’autre, nous pouvons alors en tirer les leçons. Quand les parents ne prennent pas en compte les émotions, ils ignorent l’enfant. S’il ne peut jamais s’exprimer, on le prive de l’opportunité de comprendre, de surmonter, et de s’aider à guérir d’une manière constructive.

  1. Apprenez-lui à reconnaitre les situations stressantes

Nous devons leur apprendre à prendre le taureau par les cornes, et non pas à éviter une situation, ou la mettre sous le tapis. Donner à nos fils les outils pour faire face à leurs difficultés les aident à acquérir la confiance dont ils ont besoin pour surmonter les épreuves suivantes, seuls.

  1. On peut faire face aux difficultés de la vie grâce à la maturité émotionnelle

Nos fils devront prendre beaucoup de décisions dans leur vie : partir en mission, subvenir aux besoins de leur famille, et être des dignes détenteurs de la prêtrise. Ces choix personnels peuvent se transformer en situations de pressions pouvant causer anxiété et doute de soi. Si on leur apprend comment faire face à ces décisions avec un soutien positif, ils peuvent y faire face avec force, foi et joie.

  1. Reconnaitre ses propres émotions favorise la compassion envers autrui

Lorsqu’ils apprennent comment exprimer leurs sentiments et comment reconnaitre leurs émotions, ils deviennent attentifs aux difficultés des autres, et apprennent à faire preuve d’empathie : et aident donc à alléger les fardeaux de leur famille, amis, épouses et enfants.

la compassion passe aussi par reconnaître ses propres émotions

Ce n’est pas toujours facile. La vie suit son cours et vous ne pouvez pas toujours prendre du temps pour venir en aide à vos enfants à chaque larme ou accès de colère, de manière à les guider patiemment à travers leurs nombreuses phases émotionnelles. Parfois, les enfants pleurent pour exprimer leur frustration, parce qu’ils ne reconnaissent pas se qu’ils ressentent ou ne peuvent pas l’exprimer verbalement, ce qui peut les rendre vulnérables et en manque de confiance.

Mais pourquoi donc, en tant que société, sommes-nous plus disposés à accepter les larmes de nos filles, et pas celles de nos fils ?

Pourquoi voulons-nous qu’ils soient des « hommes » avant même qu’ils soient des adolescents ? Et que veut dire le fait de se « comporter comme un homme ? »

Le stéréotype voulant que la force soit mesurée en fonction du manque d’émotions constitue une simplification dangereuse et négligente, dans le meilleur des cas. Au lieu de retenir leurs larmes, pourquoi ne peuvent-ils pas reconnaitre qu’ils ont la possibilité de ressentir, et la capacité de reconnaitre leurs émotions ?

Ce n’est pas que la tâche des mères d’aider leurs fils à acquérir la maturité émotionnelle. Ils ont besoin de leurs pères pour montrer par l’exemple que l’empathie et la compassion sont nécessaires pour fortifier nos foyers et nos communautés. En tant qu’équipe, nous pouvons soit perdre ensemble, soit gagner ensemble.

Donnons à nos fils la force d’être humains pour qu’ils puissent ensuite faire preuve d’humanité.


Article écrit par Megan Ann Steyskal et publié dans 6 Things LDS Temple Workers Want You to Know. Traduit par Samuel Babin.