Sariah est l’une des rares femmes du Livre de Mormon dont on connaisse le nom. Sa contribution à la dynamique familiale était primordiale à la réussite du voyage vers la terre promise du groupe mené par Léhi.
Le Livre de Mormon indique que Léhi avait des richesses et un certain statut dans la société de Jérusalem. Cela signifie que Sariah avait probablement une vie confortable, peut-être même quelques serviteurs. En tant que mère de famille, elle était sans doute chargée de tout ce qui touchait à l’organisation des travaux domestiques, notamment de la gestion des ressources familiales. Elle avait certainement un cercle d’amies qui se soutenaient mutuellement. Elle avait la plupart des choses que l’on désire pour une vie stable, heureuse et prospère.
Une vie prospère qu’elle laissa derrière elle pour partir dans un désert hostile.
Aujourd’hui encore, le désert de Judée et la péninsule Arabique ne sont pas des lieux très adaptés aux besoins des hommes. L’eau et la nourriture y sont rares. La chaleur peut y être insupportable. Les risques de rencontrer des bandits de grand chemin sont réels. De gros efforts quotidiens sont nécessaires pour rester en vie et se déplacer d’un endroit à un autre. Le vent et le sable sont omniprésents. Tout doit être porté par des hommes ou des animaux, ces derniers ayant les mêmes besoins en eau et en nourriture que les hommes. De plus, des traditions ancestrales des peuples nomades du Moyen-Orient laissent à penser que les femmes accomplissaient les tâches quotidiennes dans les camps, elles se chargeaient notamment de ranger et de monter des tentes, de porter les enfants et les vivres, ainsi que de la cuisine.
On peut avoir du mal à imaginer les difficultés que Sariah et sa famille ont endurées, surtout que nous avons des moyens de transport rapides, l’air conditionnée et le chauffage à la demande, et de l’eau et de la nourriture en telle quantité, qu’il y a dans notre société davantage de gens qui meurent parce qu’ils en usent à l’excès que parce qu’ils en manquent.
Pourtant, de nos jours, malgré toutes ces facilités, les sorties et les voyages familiaux se passent rarement sans jérémiades et sans plaintes. Nous pouvons, avec notre vision moderne, compatir avec les plaintes occasionnelles de Sariah. Les grandes difficultés qu’elle a dû affronter pendant huit ans pour gérer une vie dans le désert étaient impressionnantes. L’expérience de Sariah était une épreuve physique et spirituelle.
Après plusieurs semaines de voyage dans le désert, ses fils retournèrent à Jérusalem pour obéir à une révélation divine reçue par son mari. Le danger rôdait partout autour de Jérusalem. Les habitants voulaient tuer Léhi (et peut-être aussi d’autres membres de sa famille, comme ses fils), et Laban était un chef militaire, « un homme puissant, [qui peut] commander cinquante, oui, il peut même en tuer cinquante » (1 Néphi 3:31). Le voyage dans le désert en lui-même était très risqué. Le trajet aller-retour des fils de Sariah devait faire environ huit cents kilomètres et durer au moins trois semaines.
C’est très long, quand, comme Sariah, on attend dans le désert, on s’inquiète et on se demande, « Que sont devenus mes fils ? Sont-ils toujours en vie ? Ont-ils servi de repas aux bêtes sauvages ? Les habitants de Jérusalem les ont-ils faits prisonniers ? Les ont-ils exécutés ? » Sariah n’avait pas accès aux moyens de communication modernes, et ne pouvait donc rien savoir de la situation de ses fils, si ce n’est par la révélation.
Pendant ces semaines difficiles, Sariah se plaignait régulièrement auprès de Léhi disant : « Voici, tu nous as conduits hors du pays de notre héritage, et mes fils ne sont plus, et nous périssons dans le désert » (1 Néphi 5:2).
Léhi, qui faisait confiance à Dieu, la réconfortait disant : « Je sais que le Seigneur délivrera mes fils des mains de Laban et les fera redescendre vers nous dans le désert » (1 Néphi 5:5).
Bien que Sariah ait eu assez confiance dans le témoignage de Léhi pour tout quitter, la menace de perdre ses quatre fils mit sa foi à une telle épreuve que la foi de son mari ne suffisait plus. Elle devait apprendre par elle-même à croire que Dieu allait lui « montrer que [ses] tendres miséricordes sont sur tous ceux qu’il a choisis à cause de leur foi, pour les rendre puissants au point même d’avoir le pouvoir de délivrance » (1 Néphi 1:20). Sariah avait besoin de son propre témoignage que Dieu tiendrait ses promesses. C’était sa mise à l’épreuve.
Quand ses fils sont rentrés de leur long périple, « Sariah, se réjouit extrêmement aussi, car elle s’était vraiment lamentée » (1 Néphi 5:1), parce qu’elle avait pensé que ses fils avaient péri.
Néphi rapporta des paroles de sa mère Sariah qui traduisent bien sa nouvelle indépendance spirituelle, « Maintenant je sais avec certitude… ». Dans cette citation, l’expression de sa foi joue sur la signification de son propre nom. En Hébreu, Sariah veut dire « Jehovah [iah] est un prince/commandant [sar] ». Son témoignage est construit à la manière d’un chiasme. Son nom commence et termine la citation, et au milieu son nom indique que le Seigneur Jehovah [iah] possède trois caractéristiques d’un prince ou d’un commandant [sar].
A « Maintenant je sais avec certitude que le Seigneur [iah] a commandé [sar] à mon mari de fuir dans le désert ;
B oui, et je sais aussi avec certitude que le Seigneur [iah] a protégé mes fils, et les a délivrés des mains de Laban, et leur a donné du pouvoir
A pour leur permettre d’accomplir ce que le Seigneur [iah] leur a commandé [sar] » (1 Néphi 5:8, caractères gras ajoutés).
Le témoignage de Sariah semble avoir marqué Néphi et avoir eu une grande influence sur son propre témoignage, écrit des années plus tard, quand il se rappela avoir dit à son père :
« J’irai et je ferai les choses que le Seigneur [iah] a commandées [sar], car je sais que le Seigneur [iah] ne donne pas de commandements [sar] aux enfants des hommes sans leur préparer la voie pour qu’ils puissent accomplir ce qu’il [le Seigneur] [iah] leur commande [sar] » (1 Néphi 3:7).
Les écrits de Néphi indiquent que la foi indéfectible de sa mère, et pas seulement celle de son père, dans la réussite de leur mission, était très importante. Ils avaient besoin des deux pour modeler une famille qui jouerait un rôle clé pour produire des annales qui inviteraient de nombreuses générations d’enfants de Dieu à aller au Christ.
La compassion de Sariah est enviable. Son témoignage est vivifiant. Sa fidélité à Dieu face aux dures réalités de la vie (même si elle a murmuré de temps en temps), peut tous nous encourager à « avoir la détermination de faire un peu plus et un peu mieux » (Gordon B. Hinkley, avril 1995) chaque jour.
L’article original a été écrit par Dr. Taylor Halverson et Dr. Camille Fronk Olson et publié sur ldsliving.com sous le titre «What We Know About One of the Most Prominent Mothers Mentioned in the Book of Mormon» Français ©2017 LDS Living, A Division of Deseret Book Company | English ©2017 LDS Living, A Division of Deseret Book Company