Je suis une convertie à l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (SDJ). Auparavant, j’étais catholique romaine et j’ai acquis mon témoignage suite à des expériences spirituelles que je ne peux nier. Toutefois, dans cet article, j’aborderai plutôt la raison pour laquelle, en tant que féministe, je reste une membre fidèle de l’Eglise mormone.
La place des femmes dans les religions abrahamiques
Il est très difficile de grandir dans l’une des religions abrahamiques (le judaïsme, l’islam et le christianisme), comme je l’ai fait, et de ne pas en tirer des conclusions assez désagréables au sujet des femmes. Quels que soient la religion ou le groupe, on enseigne que la toute première femme était faible d’esprit ou une criminelle et que toutes ses filles sont marquées par ce fait, que le corps d’une femme est impur, que Dieu voulait que les femmes se soumettent à leur mari et, en général, qu’elles soient soumises aux hommes, et que la divinité n’est que pour les hommes et les hommes uniquement. (Bien sûr, on peut aussi retrouver des bribes de ces enseignements dans d’autres traditions religieuses en dehors des religions abrahamiques.)
Après avoir étudié la doctrine mormone concernant les femmes pendant des décennies (et avoir soigneusement fait la distinction entre celle-ci et les pratiques culturelles SDJ qui, dans un bon nombre de cas, contredisent cette doctrine), j’ai été libérée, en tant que femme, des croyances erronées et néfastes au sujet des femmes qui hantent ceux qui ont été élevés selon les traditions abrahamiques. Comme il est remarquable et, dans un certain sens, ironique il me semble, d’avoir connu le « mouvement de libération des femmes » en me convertissant au mormonisme!
L’importance de la femme dans le mormonisme
Je vais d’abord passer en revue les principaux points de doctrine qui font du mormonisme le plus féministe de tous les christianismes, selon moi, puis continuer en racontant à nouveau l’histoire du Jardin d’Eden du point de vue de l’Évangile rétabli de Jésus-Christ.
- L’Évangile rétabli enseigne que le terme « Dieu » désigne un couple – une femme exaltée et un homme exalté mariés dans la nouvelle alliance éternelle du mariage (D&A 132:19-20). On nous enseigne qu’il n’y a pas de Dieu sans homme et femme s’aimant l’un l’autre en tant qu’égaux. Notre Père céleste n’est pas un éternel célibataire; il est marié avec notre Mère céleste. En réalité, l’éternel célibataire, c’est Satan.
- Deuxièmement, l’Évangile rétabli nous enseigne que tout le monde aura son propre corps – d’homme s’il est un homme et de femme si elle est une femme – pour toujours. Ce n’est pas une malédiction, mais un grand don et une bénédiction dont chaque âme doit se montrer digne. Les menstruations des femmes, leurs seins, leur ventre, leurs ovaires ne sont pas des malédictions impures; ce sont des bénédictions. Et l’Evangile rétabli m’enseigne également que je serai mariée pour l’éternité et que j’aurai des enfants pour toujours, et que la vie en étant mariée à l’homme que j’aime et ayant des enfants pour toujours est le type de vie qui me donnera le plus de joie dans l’éternité, tout comme ici sur la terre.
- Troisièmement, la doctrine mormone enseigne que les hommes et les femmes sont égaux devant le Seigneur et les uns envers les autres. « Égaux » ne signifie pas « identiques ». Par exemple, il n’y a pas deux hommes qui soient identiques et pourtant ils sont considérés comme égaux l’un par rapport à l’autre et devant le Seigneur. Peut-on imaginer une compréhension de l’égalité qui signifie qu’un homme et une femme, bien que différents, puissent être égaux aux yeux du Seigneur et l’un envers l’autre? Telle est la perception de l’égalité que l’Évangile rétabli nous enseigne.
Elder L. Tom Perry, un apôtre de l’Eglise mormone, a déclaré en 2004 : « Il n’y a donc pas de président ni de vice-présidente dans une famille. Le mari et la femme travaillent éternellement en collaboration pour le bien de leur famille… Ils sont sur un pied d’égalité. Ils planifient et organisent les affaires familiales dans l’unité et à l’unanimité en allant de l’avant »1. Quel point de vue incroyable, surtout pour une confession chrétienne car beaucoup d’entre elles croient en une sorte de doctrine de soumission des femmes à leur mari. Les saints des derniers jours ne prêchent pas la soumission des femmes.
Trois points essentiels
À mon avis, nous ne pouvons pleinement comprendre cette doctrine révolutionnaire de l’Eglise SDJ à moins d’en revenir à l’histoire du Jardin d’Eden. Encore une fois, commençons par trois points importants de différence, par rapport au récit de cette histoire, du point de vue de l’Évangile rétabli.
Premier point : les mormons ne croient pas que la Chute était une grande tragédie. Au contraire, nous croyons que la Chute a été pré-ordonnée, qu’elle s’est produite pour notre progression et, de ce fait, qu’il s’agit d’une bénédiction.
Deuxième point, les saints des derniers jours ne croient pas qu’Eve ait péché en mangeant du fruit du Premier Arbre, l’arbre de la connaissance du bien et du mal.
Troisième point, du fait que les mormons ne croient pas qu’Eve ait péché, nous ne croyons pas non plus qu’Eve ait été punie par Dieu pour son rôle dans le fait d’avoir mangé du fruit, mais qu’elle a plutôt été récompensée.
Le Grand Plan du Bonheur conçu pour les enfants de Dieu requérait d’eux qu’ils quittent leur foyer céleste, reçoivent un corps mortel en tant que bénédiction, connaissent pleinement le libre arbitre en étant séparés de Dieu, puis retournent dans leur foyer céleste pour être jugés sur la façon dont ils ont utilisé leur libre arbitre. Autrement dit, le Plan devait être un « aller-retour », en quelque sorte : nous sommes partis de notre foyer céleste et, si nous marchons correctement sur cette route-là, le plan nous ramènera vers notre foyer céleste, mais en étant davantage comme nos parents célestes, c’est-à-dire en ayant beaucoup plus de connaissances, un libre arbitre plus complet, le désir de choisir le bien, avec beaucoup plus que ce que nous aurions pu avoir si nous étions restés dans les cieux avec une version pâle ou diluée du libre arbitre.
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Conclusion
Je reste une membre fidèle de l’Église mormone parce que, pour la première fois dans ma vie, je comprends pourquoi ce n’est pas une malédiction d’être née femme, et comment on peut sérieusement affirmer que les hommes et les femmes se tiennent devant Dieu et l’un devant l’autre véritablement en tant qu’égaux. Je comprends maintenant que les femmes sont pour avoir la joie (2 Néphi 2:25). Et, aussi étrange que cela puisse paraître à certains, je crois que l’une des actions les plus profondément féministes que l’on puisse accomplir consiste à partager l’Évangile rétabli de Jésus-Christ avec les autres. L’Évangile rétabli ne rétablit pas seulement des relations justes entre l’homme et Dieu, mais des relations justes entre les hommes et les femmes, ce qui en fait la force la plus solide et la plus progressiste pour les femmes dans le monde aujourd’hui.
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Notes:
1 L. Tom Perry, « L’appel de père est éternel », Conférence générale, avril 2004.
2 Alma Don Sorensen, « The Story of Eve », dans Alma Don Sorensen et Valerie Hudson Cassler, Women in Eternity, Women of Zion (Springville, Utah: Cedar Fort, 2004), pp. 68-101
3 Dallin H. Oaks, « Le grand plan du bonheur », Conférence générale, octobre 1993.
4 Bruce C. Hafen et Marie K. Hafen, « Franchir des seuils et devenir des partenaires égaux » Le Liahona, août 2007.
5 Analiesa Leonhardt, « The Sacrament of Birth », SquareTwo , Vol. 3 n ° 1, printemps 2010, http://squaretwo.org/Sq2ArticleLeonhardtBirth.html
6 Réunion de formation mondiale des dirigeants, Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours, février 2008, p.12.
7 James E. Faust, « La voix du prophète », Conférence générale, avril 1996.
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La version originale de cet article a été écrite par Valerie Hudson Cassler, publiée en septembre 2010 sur mormonschorlarstestify.org et traduite par Nathalie.
Il y a quand-même une promesse à faire dans le Temple qui me dérange…
Justement, si on écoute bien ce qui est dit, le fait de suivre les commandements de Dieu et l’Evangile est le paramètre nécessaire pour que nous agissions selon cette promesse. Et certainement pas d’une manière aveugle, sans peser le pour et le contre.