Voilà un très beau témoignage sur la fête des mères que nous venons de célébrer. Quel exemple de foi et quelle belle leçon de courage! -Johanna
Durant les moments critiques, nous avons tous un choix à faire. Nous pouvons nous détourner de Dieu, ou nous tourner vers Lui. Nous pouvons choisir d’être abattu et refuser de réfléchir aux options, ou nous pouvons faire face de manière créative à nos défis. Nous avons toujours le choix.
L’un de ces moments critiques pour moi est arrivé peu de temps après avoir planifié notre arrivée à l’église de manière à ne pas avoir à parler à qui que ce soit. Nous sommes entrés dans la salle de culte juste au moment où nous avons entendu les mots de bienvenue venant du pupitre. C’était un beau dimanche ensoleillé. Je suis sûre que les oiseaux chantaient et que les fleurs embaumaient, mais j’étais en train de me noyer dans un océan de tristesse. Après trois années de mariage, je venais de faire une fausse couche avec ma première grossesse. Bien que cela se soit passé plusieurs jours avant, j’étais consumée par l’engourdissement causé par le choc. D’autant plus que c’était le jour de la Fête des mères.
A vrai dire, j’ai pensé ne pas aller à l’église ce jour-là. « Ça serait plus facile » je me suis dit. « Je suis sûre que Dieu comprendrait, n’est-ce pas ? » Seulement, j’avais besoin de l’église ce jour-là, plus que jamais. J’avais besoin de ressentir Son amour. Mais par-dessus tout, j’avais besoin de prendre la Sainte Cène.
Alors que j’étais assise au milieu de la salle de culte avec le bras d’Antony autour de moi, je me demandais pour la première fois si ma mère avait déjà été à l’église avec le cœur aussi gros que le mien ce jour-là. Elle semblait toujours avoir tout « sous contrôle » à mes yeux. Mais, même en mettant au monde huit enfants particulièrement merveilleux, elle a eu sa part de pertes tragiques sur le chemin.
La réunion de Saint Cène à eu un effet particulièrement apaisant pour moi. Je n’ai pas vraiment écouté les discours car j’étais la plupart du temps plongée dans mes propres pensées. Je savais que la réunion se terminait et je me préparais pour l’invitation tant redoutée : « que toutes les mères se lèvent », avec d’adorables jeunes et enfants donnant à chaque mère une fleur, une friandise ou un cadeau en signe d’appréciation de la congrégation envers des femmes merveilleuses sous tous points de vue. Bien que ce moment me gênait un peu lors de la Fête des mères, il ne m’avait jamais vraiment dérangé auparavant. Mais cette fois je me suis sentie nerveusement résignée. Je me suis rapidement perdue à nouveau dans mes pensées quand soudain j’ai réalisé que mon nom était appelé au pupitre !
« Delisa Hargrove, lève-toi aussi !! »
Horrifiée, je savais que je ne pourrais pas. Je ne voulais pas. Je ne le ferais pas.
Je ne pensais pas pouvoir me lever de toute façon, et puis j’avais pleuré pendant une heure et ne voulais vraiment pas que tout le monde me voit. Alors, en prenant ma voix la plus calme et la plus persuasive, depuis le milieu de la salle de culte, j’ai murmuré : « Je n’ai pas envie ». Anthony a ri nerveusement. Toutes les mères debout attendaient et tout le monde me regardait.
Mon ami au pupitre insistait : « Tu es la mère de la paroisse et tu devrais être honorée également. » (C’est vrai que j’étais la présidente de la Société de Secours, mais soyons honnêtes, je ne savais même pas comment faire du pain !)
Je n’ai pas pour habitude d’être mal polie pendant la réunion de Sainte Cène. J’ai calculé le pour et le contre et les possibles conséquences en un instant. Le Saint Esprit m’a révélé que les intentions de mon ami étaient pures et pas volontairement cataclysmiques.
Je me suis levée pour mettre fin à la scène.
J’ai eu l’impression que chaque femme dans la salle est venue vers moi pour me consoler ce jour-là. C’était la première fois que je faisais l’objet de peine et de compassion de la part de femmes ayant des enfants le jour de la Fête des mères. Seule une amie était au courant de ma fausse couche avant la réunion. Après l’incident de fin de réunion, j’ai fait part de ma tragédie à deux femmes. Toutes les autres m’ont fait part de leurs propres histoires et de leur compassion par pure empathie.
Beaucoup de femmes, y compris ma mère, adorent la Fête des mères. J’en suis ravie ! Les mères méritent vraiment d’être honorées 365 jours chaque année. J’espère que toutes les mères se sentent aimées et appréciées.
Mais après avoir entendu certaines histoires ce jour fatidique, j’ai réalisé que beaucoup de femmes éprouvaient des sentiments de culpabilité, de découragement, de deuil, d’anéantissement, de fatigue et de solitude. Elles sont venues à l’église ce jour-là pour les mêmes raisons que moi : pour être guéries par la Grâce.
Comble d’ironie, parce que je me suis levée, d’autres ont ressenti ma détresse et m’ont réconforté.
Malheureusement, certaines « paroles réconfortantes » n’étaient pas réconfortantes du tout. Dire des choses comme : « être une mère ne s’arrête pas au fait d’avoir des enfants » ou « tu peux venir prendre mes enfants quand tu veux » ou « as-tu essayé tel ou tel remède » ou « as-tu déjà pensé à l’adoption » ou « tu pourras élever des tas d’enfants durant le millénium » à quelqu’un sans enfant le jour de la Fête des mères (ou n’importe quel autre jour d’ailleurs) n’aide pas. Je suis quelqu’un de très logique et je connais la doctrine, mais le jour de la Fête des mères n’est pas un jour pragmatique, c’est un jour rempli d’émotion. J’ai appris que lorsque vous ne savez pas quoi dire, de sincères condoléances suffisent.
Ce jour m’a changé
La Fête des mères suivante, je paniquais en pensant à l’expérience douloureuse de l’année précédente. Manquer l’église n’était pas une option pour moi, alors Anthony et moi avons pris des vacances la semaine de la Fête des mères. Vous pourriez penser que c’est un peu extrême, mais des hormones frappées de panique nécessitent des mesures désespérément créatives. Prendre des vacances au moment de la Fête des mères est devenu une habitude pour nous.
Et vous savez ce qui s’est passé ? J’ai commencé à adorer la Fête des mères ! J’adorais partir pour des endroits divers dans le pays et autour du monde (où ce n’était pas la Fête des mères, ce que je préférais), venant pour célébrer la Femme, et repartant sans jamais avoir à me faire rappeler ma tragédie personnelle. Lorsqu’on me demandait de me présenter, je pouvais être brève et authentique. Je n’avais pas à expliquer à quiconque comment je me sentais, parce que personne ne me connaissait, moi et ma situation.
J’ai également pu voir les « traditions » d’autres congrégations. Beaucoup de mères dans ma paroisse ont dit qu’elles avaient horreur de se lever également, parce qu’elles ne se sentaient pas comme des « mères idéales », ou se sentaient simplement gênées. Certaines paroisses que j’ai visitées demandaient aux jeunes d’apporter un cadeau aux femmes sur les bancs alors qu’elles étaient assises. D’autres faisaient porter les cadeaux à la Société de Secours. D’autres paroisses demandaient aux jeunes de se tenir aux portes de la salle de culte et de donner un cadeau à chaque femme alors qu’elles sortaient (c’était ce que je préférais car je pouvais remercier la personne et continuer à marcher). J’ai donné quelques recommandations à ma paroisse lorsque j’étais toujours en charge.
Après avoir évité la Fête des mères dans ma paroisse pendant plusieurs années, je me suis dit qu’il était temps d’arrêter de fuir. Je n’avais pas vu qu’on demandait aux femmes de se lever pendant plusieurs années, et j’ai décidé d’être courageuse. Avec une certaine appréhension, j’ai commencé à assister à la Fête des mères dans ma propre paroisse.
Je ne suis toujours pas une mère et la Fête des mères accentue une souffrance interne que je ne ressens pas les autres jours.
Je sais maintenant que le Sauveur me connait vraiment et sait ce dont j’ai besoin. Il a dit : « Car je connais les projets que j’ai formés sur vous, dit l’Eternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l’espérance… Je vous exaucerai. Vous me chercherez, et vous me trouverez. » (Jérémie 29 : 11-13)
Jésus Christ connait mon cœur et mes chagrins et il promet : « ma grâce vous suffit » (Doctrine et Alliances 17 :8). Sa Grâce a guéri mon âme autant que je l’ai laissé le faire.
Les serviteurs inspirés du Seigneur offrent des paroles puissantes de réconfort et de paix. Le discours de Président Boyd K. Packer pendant la Conférence Générale d’avril a apaisé ma déception après une tentative d’adoption ratée.
« Ceux qui ne se marient pas ou qui ne peuvent pas avoir d’enfants ne sont pas exclus des bénédictions éternelles qu’ils recherchent mais qui, pour le moment, restent hors de portée. Nous ne savons pas toujours comment ou quand les bénédictions se présenteront à nous, mais la promesse de progression éternelle ne sera pas refusée aux personnes fidèles qui contractent et gardent des alliances sacrées.
Vos désirs les plus profonds et vos supplications toucheront le cœur du Père et du Fils. Ils vous donneront une assurance personnelle que votre vie sera pleine et qu’aucune bénédiction essentielle ne sera perdue pour vous.
En tant que serviteur du Seigneur à l’office auquel j’ai été ordonné, je fais une promesse à ceux qui se trouvent dans ces situations, qu’il n’y aura rien d’essentiel à votre salut et votre exaltation qui ne vous sera pas conféré le moment voulu. Les bras aujourd’hui vides seront remplis, et les cœurs aujourd’hui meurtris en raison de rêves et de désirs brisés, seront guéris. »
Mais tout de même, malgré ma foi fervente en Jésus-Christ, alors que le jour de la Fête des mères dans une nouvelle paroisse approche, et avec le cœur lourd de ma perte récente, j’ai pensé au fait de partir en vacances loin d’ici.
Heureusement (ou malheureusement), j’ai délégué les responsabilités à l’église pour cette Fête des mères. Je me sens un peu bloquée et stressée, mais je sais que « je puis tout par celui qui me fortifie » (Philippiens 4 : 13)
Si comme moi vous n’êtes pas à l’aise avec la Fête des mères, je sais qu’Il peut vous rendre plus fortes également.
Et à ma tendre mère, joyeuse Fête des mères ! Merci d’avoir ancré la foi, l’espoir et l’amour dans mon jeune et maintenant moins jeune cœur, de m’avoir appris les attributs de Jésus Christ à travers ton exemple, et de continuer à faire tes prières « Dieu nous aidera à retrouver n’importe quoi » au téléphone pour m’aider à retrouver des choses perdues. Je t’aime pour toujours !
Article écrit par Delisa Hargrove et publié sur LDS.net, traduit par Samuel Babin