Mon expérience personnelle
Il y a de nombreuses années, mon mari a été appelé évêque d’une paroisse en grande difficulté. Il passait des heures à l’église, de longues soirées à rendre visite à des membres qui avaient des problèmes, et des heures interminables au téléphone. J’avais l’impression que notre mariage n’y survivrait pas.
Alors que je sombrais dans le désespoir, j’ai assisté à un séminaire professionnel avec d’autres thérapeutes en relations conjugales et familiales. C’était un séminaire pendant lequel nous nous retrouvions en petit groupe pour échanger des idées afin d’être de meilleurs thérapeutes. Une femme qui n’était même pas dans la profession était présente et j’étais un peu méfiante à son égard, me demandant pourquoi elle avait été autorisée à participer. Mais il ne me fallut pas longtemps pour être reconnaissante qu’elle l’ait été.
Un jour, alors que nous parlions de nos soucis, j’ai évoqué le fait que j’étais mariée à un pasteur débordé (un terme compris par les non-membres) et que j’étais accablée par la responsabilité que j’avais de le soutenir, que j’avais l’impression d’être la dernière de ses préoccupations, mais que je n’osais rien dire parce qu’il participait à une grande œuvre. Puis j’ai éclaté en sanglots.
La femme qui avait suscité ma méfiance s’est levée et du haut de son mètre quatre-vingts, elle est venue vers moi, m’a fait lever de ma chaise, m’a assise sur ses genoux, a posé ma tête sur sa généreuse poitrine et m’a bercée comme un bébé. Je suis une toute petite femme, d’à peine un mètre cinquante, j’ai donc vraiment eu l’impression d’être un enfant blotti dans les bras de sa mère. Elle ne m’a pas donné de conseils, mais elle m’a donné le sentiment d’être aimée. C’était comme si Dieu m’envoyait un ange dans cette étrange situation et cela m’a donné du courage.
Je devais faire quelque chose au sujet de la charge que faisait peser cet appel sur mon mariage. Je ne pouvais pas demander à mon mari d’arrêter de servir, ou de moins s’investir. Je croyais en ce qu’il faisait et je savais que c’était important. Je devais trouver un moyen de sauver notre mariage et de continuer à soutenir mon mari dans son appel.
Mes recherches m’ont menées à un livre publié par Deseret Book en 2002, Side by Side: Supporting a Spouse in Church Service (« Main dans la main : soutenir un conjoint dans son service dans l’Église ») Les solutions que j’y ai trouvées m’ont permises de soutenir mon mari avec enthousiasme dans de nombreux appels, notamment celui de président de mission qui commencera en juillet prochain.
Ce que j’ai appris peut aider tous les couples qui sont engagés dans une bonne cause qui fait de l’ombre à leur mariage. Que vous soyez le mari ou la femme d’un étudiant débordé, le conjoint d’un homme d’affaire surchargé, le mari d’une présidente de la Société de Secours dévouée, ou marié à une personne qui s’occupe d’un proche malade, les suggestions qui suivent peuvent aider votre mariage.
Servir main dans la main
J’ai cultivé la pensée suivante : « si c’est important pour toi, c’est important pour moi ». J’ai réalisé qu’il était très important pour moi de savoir pourquoi je partageais mon mari à telle ou telle occasion. C’était beaucoup plus facile pour moi de l’accueillir deux heures en retard si je pouvais visualiser ce qu’il avait fait. Je savais qu’il était sérieusement engagé dans une « bonne cause », mais une « bonne cause », c’était un peu vague à mon goût. Je voulais savoir ce qui pouvait être si urgent qu’il ait dû sacrifier du temps qu’il était censé consacrer à sa famille.
Par conséquent, il a commencé à me parler de la nature des engagements qui l’avaient retenu loin de la maison. Il ne divulguait jamais de noms ou de détails pour ne pas violer son devoir de confidentialité, mais il me décrivait des situations qui me touchaient, ainsi je me sentais aussi concernée que lui.
Parler ainsi de la nature précise de son service l’aidait aussi. Il pouvait faire le point après un rendez-vous difficile. Il pouvait « se débarrasser » de ses soucis sur moi, sa charge était alors partagée et il n’avait plus à la porter tout seul. Savoir que je me sentais aussi concernée que lui, lui permit de se sentir moins coupable d’être aussi souvent parti, ce qui allégeait encore un peu sa charge. Il ne s’inquiétait plus autant de négliger sa femme et ses enfants.
Quand il me parlait ainsi, nous nous rapprochions davantage, parce qu’au lieu de vivre chacun notre vie, lui à l’Église et moi à la maison, nous étions tous les deux impliqués dans celle de l’autre. Nous avions beaucoup plus en commun puisque nous étions tous les deux concernés par les mêmes choses.
Se conseiller mutuellement
Quand le président de pieu a mis mon mari à part en tant qu’évêque, il lui a dit de se servir de sa femme comme d’un troisième conseiller. Ce n’était bien sûr pas un appel officiel, cela ne faisait pas non plus allusion à mon métier. C’était juste une invitation pour mon mari d’échanger des idées avec sa femme pour voir si un autre point de vue pourrait l’aider à voir les choses plus clairement.
Cette pratique s’est avérée être une véritable bénédiction. Souvent, le simple fait d’énoncer un problème à haute voix lui permettait de trouver une solution avant même que je n’ouvre la bouche. À d’autres occasions, mes remarques l’aidaient à voir quelle direction il devait prendre. Ce rôle me permettait de me sentir nécessaire, de pas avoir l’impression que ma présence était un fardeau pour lui parce que je le harcelais pour attirer son attention, mais plutôt que ma présence était une bénédiction qu’il recherchait autant que possible.
Une cause commune
Nous avons pris l’habitude de servir en équipe. Quand j’étais conseillère dans un camp de jeunes filles, il y participait en tant que chaperon. Quand il s’occupait d’une activité de pieu, il m’invitait à en être la photographe officielle. Quand les jeunes du pieu faisaient une randonnée, nous étions « maman et papa ». Quand il a été le président d’une branche de JA, nous allions tous les deux au temple avec les jeunes adultes qui recevaient leur dotation pour la première fois. Quand j’étais présidente des Jeunes Filles, mon mari m’a aidé à dessiner des flyers (parce que c’est un super artiste).
Dans mon métier de thérapeute familial, je me suis aperçue que les mariages les plus solides étaient ceux dont les époux avaient une cause commune qui les passionnait. Parfois ils géraient ensemble une entreprise. Parfois ils avaient le même passe-temps. Souvent les enfants sont la cause commune (ce qui peut être un problème quand les enfants quittent la maison).
Une des causes communes qui a consolidé notre mariage est le service dans l’Église. Nous avons ri ensemble, pleuré ensemble, fait face à des difficultés ensemble, nous nous somme réjoui ensemble et nous sommes devenus plus proches. Nous pensions que notre service dans l’Église était une source de bénédictions pour les autres, mais en réalité, c’est nous qui avons été les plus bénis.
Article écrit par JeaNette Goates Smith pour Meridian Magazine sous le titre Side by side: how your marriage can survive church service? , traduction par Christine.