Le pouvoir des expériences personnelles lorsqu’on fait un discours
Article publié sur bycommonconsent.com
Aujourd’hui, c’était la conférence de paroisse, et comme d’habitude pendant une réunion de Sainte-Cène de conférence de paroisse, il y avait deux orateurs : l’évêque et le président de pieu. Leurs discours étaient excellents et ils ont fait pareil, tous les deux, d’une façon qui m’a donné l’impression qu’il y avait quelque chose à apprendre, ici, dans l’art d’être un bon orateur, tant et si bien que j’en ai parlé au début de ma leçon d’École du Dimanche.
L’évêque a commencé, de but en blanc, par raconter une expérience personnelle. Il a dit que c’était une histoire en rapport avec la façon dont les enfants ne comprennent parfois pas les choses étranges que font leurs parents. Pour expliquer le contexte, il a décrit l’endroit où il a grandi. Sa famille était très nombreuse dans un voisinage où il y avait beaucoup de mormons, le genre d’endroit d’où les gens déménagent rarement, alors au moment où on a l’âge d’entrer au lycée, on a de nombreuses histoires en commun avec les autres. Et il a expliqué que, comme on pourrait s’y attendre, il se rappelle avoir deux groupes d’amis à cette époque-là : l’un était ses amis de l’école avec lesquels il avait le plus de contacts, dans le cadre du lycée, et l’autre était celui de ses amis personnels avec lesquels il avait des contacts dans la paroisse, chez les uns et les autres, pendant le week-end, etc.
Un jour, pendant le diner, son père a mentionné par hasard qu’on avait retiré sa dent de sagesse à Allen (nom d’emprunt) et qu’il s’était arrêté chez lui pour lui donner un milkshake. L’évêque a tout de suite pensé à son cercle d’amis de tous les jours, parce qu’Allen était l’un de ses amis d’école; pourquoi son père a-t-il fait une chose pareille? Comment connaissait-il ce garçon? Ses deux sphères séparées étaient en train de se rencontrer d’une façon qui le mettait clairement mal à l’aise; en fait, il se sentait humilié par ce que son père avait fait, en se présentant comme ça, de façon inattendue, chez l’un de ses camarades pour lui donner un milkshake. C’était très embarrassant pour lui et il n’arrivait pas à le comprendre. Il a classé cela dans son cerveau dans la liste des “trucs bizarres que les parents font pour nous embarrasser”.
Plusieurs années plus tard, pendant qu’il participait à un événement, il est tombé sur le frère aîné d’Allen. Et ce frère a expliqué à l’évêque à quel point sa famille aimait son père qui avait été leur visiteur au foyer pendant de nombreuses années. Et tout à coup, les manques dans cette histoire ont été comblés. Lorsque la livraison du milkshake s’est produite, la famille d’Allen n’était même pas dans leur paroisse et son père n’était de toute évidence plus leur visiteur au foyer à cette époque. Mais son père avait été le visiteur au foyer de cette famille des années auparavant, et il avait gardé un très bon contact avec cette famille pendant toutes ces années, même en ayant plus cet appel officiellement. Soudain, l’évêque avait compris ce qu’avait fait son père et il a alors rangé l’épisode qui manquait dans sa tête sous la liste des “exemples de service à long terme et plein d’amour”.
L’évêque a continué son discours en se basant sur cette histoire. Lorsque ça a été au tour du président de pieu, il a fait quelque chose de très similaire : sans aucune introduction, il a commencé tout droit son discours en racontant une expérience personnelle, se calquant dans une certaine mesure sur l’évêque et son histoire. Et le fait que ces deux orateurs aient fait la même chose m’a fait prendre conscience qu’il y avait une grande leçon à apprendre là-dedans, pour réussir à parler efficacement en public et que je pourrais le partager avec ma classe de Doctrine de l’Évangile.
Trop souvent, Lorsque nous commençons un discours, nous ressentons le besoin de tourner autour du pot pendant un petit moment. On raconte la façon dont on nous a donné cette tâche, on essaie de faire de l’autodérision sur nos capacités (très limitées) de parler en public, on essaie de formuler le sujet en lisant la définition du dictionnaire, etc. etc. etc. Ce que j’ai aimé de ces discours, aujourd’hui, c’est qu’ils ne tournaient pas autour du pot – ils ont directement raconté les expériences qu’ils allaient utiliser pour construire leur discours.
Par la suite, ils n’ont pas raconté l’histoire d’une autorité générale. Je crois que nous faisons une erreur lorsque nous pensons que les gens vont plus s’intéresser aux histoires des autorités générales plutôt qu’aux nôtres. D’une part il y a plus de chances que les gens aient déjà entendu les histoires personnelles des autorités générales, tandis que les nôtres il est plus probable qu’elles soient toutes nouvelles. D’autre part nous connaissons, aimons vraisemblablement et nous soucions des personnes dans notre paroisse qui donnent leurs discours, donc nous avons là un plus grand intérêt pour leurs histoires personnelles.
Pour ma part, chaque fois que quelqu’un raconte une expérience personnelle depuis l’estrade, je me redresse inévitablement et je fais plus attention. Je pose mon téléphone et j’écoute, parce que les expériences personnelles des personnes que nous connaissons en chair et en os sont par nature tout simplement plus intéressantes pour nous (ou du moins elles le sont pour moi). Et lorsqu’on fait un discours, la moitié du challenge consiste à retenir l’attention de la congrégation dès le départ. Et pour moi, il n’y a pas de meilleur moyen de faire cela qu’à travers une expérience personnelle.