« Et maintenant, voici, si Adam n’avait pas transgressé, il ne serait pas tombé, mais il serait resté dans le jardin d’Éden. Et toutes les choses qui avaient été créées auraient dû rester exactement dans l’état dans lequel elles étaient après avoir été créées »
2 Néphi 2 : 22
Ce que nous savons sur les récits de la création
Les Saints des Derniers Jours ont trois récits scripturaux sur la création : un dans la Genèse, un dans le livre de Moïse, et un dans le livre d’Abraham. On pourrait se demander de prime abord, pourquoi est-ce ainsi. Une chose importante à considérer est que, parce qu’une histoire a plusieurs versions, cela ne veut pas dire que ces versions ne sont pas correctes. Par exemple, Mathieu, Marc et Luc sont tous des livres d’écritures vrais et sacrés, et pourtant ils présentent chacun une version différente de la vie et du ministère de Jésus-Christ. Il semble que quelque chose de semblable se soit passé avec les premiers récits de la création.
Abraham, Moïse et la Genèse contiennent chacun non seulement des versions différentes de la création, mais plusieurs passages de la bible nous laissent comprendre qu’il existe encore plus de versions. Dans Genèse 1, par exemple, nous apprenons que la création a pris six jours, en commençant par la lumière et en finissant par les humains. Genèse 2, en revanche, ne mentionne pas le nombre de jours. De plus, il indique que l’homme fut créé en premier, puis Eden, les plantes, les animaux, puis, pour finir, la femme. Ezéchiel 28 : 12-19 ajoute que l’Eden était le « jardin de Dieu », et décrit un personnage appelé « Chérubin protecteur ». C’était un gardien qui portait une plaque pectorale comme celle du grand prêtre, avec des pierres précieuses (v. 13)
En revanche, dans le livre de Job, Dieu fondait la terre (38 :4), en fixait les dimensions, et en étendait sur elle le cordeau (38 :5). Il en a également établi les bases et posé la pierre angulaire (v.6), et fermé la mer avec des portes (v.8). Dans Psaumes 104, Dieu a créé la terre en étendant les cieux comme un pavillon (v.2), en formant avec les eaux le faite de sa demeure (v.3). Il a aussi établi la terre sur ses fondements (v.5), posant une limite que les eaux ne doivent pas franchir, afin qu’elles ne reviennent plus couvrir la terre (v.9), et faisant la lune pour marquer le temps (v.19).
Ces exemples suggèrent qu’il y avait différents récits qui circulaient parmi les croyants de l’ancien temps, et que les auteurs de l’Ancien Testament semblaient connaitre. Cela rend également plausible le fait que les prophètes du Livre de Mormon avaient connaissance des récits de la création qui ne sont pas dans la Genèse.
Dans 2 Néphi 2, par exemple, Léhi donne plus de détails concernant l’histoire sur le Jardin d’Eden, qui ne sont pas mentionnés dans la Genèse. Il a décrit le fruit de l’arbre de vie comme étant sucré, et le fruit défendu comme étant amer (2 Néphi 2 :15). Il explique aussi qu’Adam et Eve « n’auraient pas eu d’enfants » (v.23) s’ils étaient restés dans le jardin d’Eden, et que « Adam tomba pour que les hommes fussent, et les hommes sont pour avoir de la joie » (v.25). Léhi parle du fait de prendre du fruit comme d’une « chute » (2 Néphi 2 :22, 25, 26), et compare le serpent au diable (2 Néphi 2 : 17-18), ce que la Genèse ne fait jamais.
2 Néphi 2 : 17-18 semble suggérer que Léhi aurait pu avoir une version de la Genèse contenant au moins quelques similitudes à ce que l’on trouve dans le livre de Moïse : « Et moi, Néphi, selon les choses que j’ai lues, je dois nécessairement supposer qu’un ange de Dieu, selon ce qui et écrit, était tombé du ciel ; c’est pourquoi il devint un démon… et parce qu’il était tombé du ciel et était devenu misérable à jamais, il chercha aussi le malheur de toute l’humanité » (v. 17-18). Ici, Léhi semble faire le lien d’idées dans Esaie 14 :12 et Moïse 4 :3-4. Ces détails suggèrent que Léhi aurait pu connaitre d’autre récits sur la création que celles dans la Genèse.
Dans tout l’ancien Proche Orient, la création était décrite comme une bataille entre un dieu guerrier et le monstre du chaos, qui était souvent assimilé à l’océan. Dieu tuait le monstre, puis, prenais sa carcasse et la transformait en Cosmos. Esaïe 27 :1 fait référence à cela : « l’Eternel frappera de sa dure, grande et forte épée… et il tuera le monstre qui est dans la mer. » Psaume 89 :8-10 fait également référence à ce récit de la création : « Eternel, Dieu des armées…tu domptes l’orgueil de la mer : quand ses flots se soulèvent, tu les apaises. Tu as abattu Rahab comme un homme blessé à mort. »
Jacob, le jeune frère de Néphi, semble également faire référence aux traditions de la création concernant le monstre du chaos. Dans Néphi 9 :10, 19 et 26, il utilise plusieurs fois l’image d’un « monstre affreux » pour évoquer la mort et l’enfer. Cela suggère que, comme les auteurs des textes bibliques, les prophètes du Livre de Mormon ont pu être au courant de récits sur la création qui étaient très répandues parmi les cultures de l’ancien Proche Orient.
Le pourquoi de ces différents récits
Toutes ces allusions dans l’Ancien Testament et le Livre de Mormon indiquent que les prophètes anciens n’avaient apparemment aucun problème pour citer les différentes versions de l’histoire de la création. Nous ne devrions donc pas être alarmés quand nous ouvrons nos écritures et voyons des versions différentes de l’histoire de la création. Au contraire, nous devrions apprécier les différentes choses que chaque récit nous enseigne.
Léhi a pris la version du jardin d’Eden qui était à sa disposition pour enseigner sur l’opposition et le libre arbitre, sans doute parce que ce récit mettait l’accent sur ces sujets. Jacob, en revanche, a utilisé l’histoire de la création sur le monstre du chaos pour insister sur le fait que le pouvoir du Christ à travers l’expiation peut nous sauver du chaos de la vie.
En suivant les pas de Léhi et de Jacob, nous pouvons récupérer différentes choses des différents récits sur la création qui nous sont disponibles. Dans Genèse 1, Dieu a fait en sorte que toutes choses prennent vie simplement en parlant, nous rappelant ainsi le pouvoir de Dieu. Moïse 2 est très clair sur le fait que le Christ était le personnage principal responsable de la création. Ceci nous rappelle Son rôle central depuis le commencement du monde jusqu’à sa fin. Pour finir, le livre d’Abraham est aussi très clair sur le fait qu’un conseil divin a pris place avant la création de la terre, nous rappelant l’importance des conseils dans nos propres vies.
Lorsque nous lisons et comparons les différents récits sur la création dans nos écritures, nous pouvons nous rappeler que nous sommes en bonne compagnie. Comme les prophètes anciens, nous pouvons obtenir une compréhension plus profonde des créations de Dieu en étudiant attentivement chaque version et en appliquant leurs différentes vérités dans nos vies personnelles.
Article publié dans Book of Mormon Central sous le titre de Why Do We Have Three Different Accounts of the Creation?. Traduit par Samuel Babin