Voilà le récit d’un homme qui a échappé aux incendies dévastateurs de Fort McMurray en Alberta, Canada. Les incendies ont débuté le 1er Mai 2016 et ont brûlé 522 000 hectares de terres. Ils s’étendent sur 595 km et ont atteint la frontière avec le Saskatchewan il y a quelques jours, détruisant déjà 2 400 hectares. Plus de 1 880 pompiers provenant de toutes les provinces du Canada sont sur place. Fort Mc Murray (80 000 habitants) a été évacuée en totalité. A ce jour, les incendies brûlent toujours. Sommes-nous prêts à faire face aux catastrophes naturelles? Où en est notre préparation? -Johanna
“ÇA NE VA PAS. NOUS NE SOMMES PAS PRÉPARÉS.”
« Il y a quelques heures ma famille et moi avons quitté la ville de Fort McMurray en Alberta, qui comme vous l’avez peut-être vu aux informations, est en train de brûler.
Nous avons roulé à travers les flammes, évitant des câbles électriques en travers de la route. Nous sommes vivants, nous avons trouvé une chambre pour la nuit dans un motel. Mais comme beaucoup d’autres nous n’étions pas préparés à une évacuation, bien qu’on nous l’ai dit de le faire.
Je vais vous demander de faire ce que ma famille n’a pas fait, et que nous regrettons : préparer un sac d’urgence.
Affronter
Les feux de forêt ne sont pas rares dans le nord de l’Alberta. Chaque année de nombreux incendies se déclenchent dans la grande forêt Boréale qui couvre la partie du nord de la province, mais la plupart sont maîtrisés ou brûlent à une bonne distance des habitations.
Vivant à Fort McMurray depuis 3 ans (depuis deux ans pour ma femme Amanda et mon fils Odin), nous avons été témoins de ces incendies chaque année. A chaque fois ma femme et moi nous nous disions : ‘On devrait vraiment penser à faire un sac d’urgence’. Nous en parlons. Nous disons que c’est une très bonne idée pratique. Et puis, comme tant d’autres, on met ça de côté et on oublie. On dit qu’on s’en occupera, tout comme on s’occupera de toutes ces autres choses de notre vie que nous remettons à plus tard.
Aujourd’hui, avoir remis ça à demain nous a mis en danger.
Cette semaine je n’ai pas fait attention aux rapports sur les feux de forêt du nord de l’Alberta. Nous étions en train d’emménager dans une autre maison de la ville et mon attention était portée sur vider les cartons et inscrire mon fils à l’école. Lundi nous avons appris que les évacuations volontaires avaient commencé pour les quartiers du sud de la ville.
Nous sommes en sécurité à Timberlea. Nous pouvions voir de gros nuages menaçants au-dessus de l’eau de l’autre côté de la rivière Athabasca. Tout allait bien. Pas de danger immédiat.
Lundi soir le vent est tombé et le feu semblait s’éloigner de la ville. Tout allait bien. Pas de danger immédiat.
Mardi matin la fumée n’était plus aussi épaisse. Nous avons envoyé Odin à l’école. Je profitais de ma journée de congé et Amanda est allée faire les courses avant d’aller au travail. Tout allait bien. Pas de danger immédiat.
Aux alentours de 13 heures, les choses ont commencé à changer brutalement. J’étais dehors lorsque j’ai pu sentir le vent puissant changer de direction. Je pouvais voir la fumée revenir du sud et déplacer le feu le long des broussailles sèches directement en direction de Fort McMurray et de ma famille. J’ai eu une boule au ventre. Mon fils, mon épouse, nous devions partir au plus vite, ou nous ne pourrions plus jamais partir.
Ça n’allait plus. Nous étions en danger.
Lorsque je regarde en arrière, cela ressemble à la métaphore de la grenouille dans la casserole avec l’eau qui boue petit à petit. Nous étions tellement concentrés sur notre déménagement que la préparation à une catastrophe n’était pas une préoccupation. Les feux de broussailles arrivent, il n’y a pas de raison de paniquer, tout va bien. Tout allait bien jusqu’à ce que ça n’aille plus.
J’ai immédiatement commencé à rassembler des affaires, mais je ne savais pas quoi prendre. De quoi aurions-nous besoin, combien de temps serions-nous partis, ou irions-nous ?
Des vêtements ? Oui, nous en avons besoin, mais pour combien de temps ? Deux jours ? Trois jours ? Cinq jours ? Les passeports ! Ou sont-ils ? De l’argent. Nous en avons besoin. Les ordonnances, est-ce quelqu’un en a besoin ? Et le chat ? Quelle quantité de nourriture ? La NOURRITURE ! On en a besoin. J’ai appelé mon épouse Amanda pour lui demander de revenir à la maison immédiatement, et que nous devions prendre notre fils Odin à l’école. Les affaires d’Odin ! Je dois m’assurer d’emporter ses livres préférés et d’autres affaires ! Je me suis mis à parcourir frénétiquement la maison à la recherche de tout ce qui nous serait nécessaire pour partir. J’essayais de réfléchir le plus vite possible pour ne rien laisser d’important derrière.
Si nous avions eu un sac ou une liste ou fait un plan j’aurais su quoi faire et quoi emporter, mais il était trop tard pour le faire.
Lorsque ma famille est arrivée devant la maison, je les attendais devant la porte d’entrée. A ce moment, d’avantage de quartiers étaient en cours d’évacuation volontaire, y compris un quartier du nord de la ville ou nous habitions.
Ça ne va pas. Nous sommes en danger.
Le vent a tourné si rapidement, il n’a pas laissé le temps aux autorités de communiquer comme il se doit l’urgence de la situation aux nombreux habitants de la ville, malgré tous leurs efforts. On ne nous dit pas d’évacuer. Mon instinct me dit que nous devons partir, mais je ne veux pas céder à la panique et me lancer dans un mouvement de foule qui pourrait coûter des vies.
Est-ce que l’on doit partir ? Est-ce que l’on doit rester ? Que doit-on faire ?
Evacuer
Alors que nous écoutions la radio et regardions les épais nuages de fumée qui commençaient à envelopper le ciel, le sentiment de devoir emmener ma famille aussi loin que possible est devenu plus fort que tout.
Ça ne va pas. Nous sommes en danger.
Cette station de radio dit d’aller vers le nord. Cette autre station de radio dit d’aller vers le sud. La famille dit d’aller vers le nord. Les amis disent d’aller vers le sud.
Pendant que nous essayons de décider, la radio annonce que toute la ville est en train d’être évacuée. C’est le moment de partir.
Ça ne va pas. Nous sommes en danger
Les embouteillages nous font avancer à la vitesse d’un escargot alors que nous tentons de quitter la ville. Heureusement que nous avions un réservoir plein d’essence. Pas parce que nous nous étions préparés, mais par pure chance. En nous rapprochant de l’autoroute 63 nous devions faire un choix soit de partir au nord vers les mines, soit au sud vers Edmonton et le feu.
Nous avons opté pour le sud.
Ce sur quoi nous sommes tombés par la suite était tout droit sorti d’un film d’apocalypse. Une fumée noire épaisse, des flammes sur les côtés de la route, des voitures et des gens en panique partout. Nous avions l’impression d’être sur la route de l’enfer.
Tout ce que mon épouse et moi pouvions dire était « Nous aurions dû nous préparer ».
“Nous aurions dû nous préparer”
Nous aurions dû préparer un sac par personne, prêt à partir. Nous avions des vêtements, et de la nourriture, et de l’argent, mais est-ce que c’étaient les bonnes choses à emmener ? Et la trousse de secours ? Et les tablettes de purification de l’eau ? Et les documents personnels ? Et les médicaments ? Nous n’étions pas préparés.
Nous sommes sortis de la ville.
Tout va bien maintenant. Nous ne sommes plus en danger.
Apprendre
La dure vérité dans tout cela est que nous avons eu beaucoup de chance. Nous sommes partis avec quelques effets personnels mais si nous avions été mieux préparés nous n’aurions pas été aussi surpris. Les autorités ont fait de leur mieux pour nous évacuer à temps. Elles nous ont sauvé la vie. Les vents ont tourné tellement rapidement, c’était un scénario catastrophe. Nous avons réussi à partir mais chaque seconde a compté et le temps qu’il nous a fallu pour nous préparer et pour prendre la décision de partir aurait pu nous coûter la vie. S’il vous plait, tirez des leçons de cette épreuve vécue ma famille. La chance était de notre côté cette fois-ci, mais cela pourrait changer (pour nous comme pour vous) la prochaine fois. »
Frères et sœurs, s’il vous plait préparez un plan, un sac d’urgence et stockez de l’eau dès maintenant!
Président Eyring a dit :
« Il semble ne pas y avoir de fin dans le désir du Sauveur de nous conduire en sûreté. »
Le Seigneur aime tous Ces enfants et veut que nous soyons protégés, mais combien de fois peut-il nous mettre en garde ? Nous devons obéir maintenant.
Préparation
Président Monson a dit :
« Nous vivons dans une période troublée. Le futur est souvent inconnu ; il est donc de notre devoir de nous préparer pour ces incertitudes. Lorsque le moment de prendre une décision arrive, le moment de se préparer est derrière nous. »
S’il vous plait écoutez. Le Seigneur veut protéger ses enfants mais nous devons faire notre part.
Ecrit par Mathew Clements, publié sur le site consacré à l’autonomie du Pieu de Farmington UT, traduit par Samuel