Il y a trois ou quatre semaines, de très nombreux chrétiens ont célébré un événement annuel appelé le Carême. Cette période de jeûne et/ou d’abstinence de quarante jours est censée préparer les chrétiens pour Pâques. Bien que nous, chrétiens de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, ne suivions pas cette tradition, elle aide la plupart des autres chrétiens à se rappeler d’une manière très physique que Pâques n’est pas loin. Étant donné que très peu de chrétiens se souviennent de la règle de l’équinoxe de printemps pour calculer la date exacte de Pâques, le carême fournit un précieux indicateur dans le calendrier pour cette célébration à venir.
En tant que religion chrétienne, les mormons ont été pris en défaut de ne pas beaucoup célébrer ou mettre l’accent sur Pâques.1 Bien que nous la célébrions, nos commémorations consistent, en général, en une présentation musicale spéciale lors de nos réunions de Sainte-Cène et peut-être aussi un bon repas le dimanche. Même nos leçons de l’École du Dimanche, Société de Secours et Prêtrise, ce jour-là, traitent souvent d’autres sujets, tels que la dîme, les visites au foyer ou la révérence.
Pourquoi est-ce plus difficile aux Saints des Derniers Jours de se préparer pour fêter Pâques?
Considérer Pâques comme un jour comme un autre soulève la question suivante : pourquoi nous, en tant que saints des derniers jours, ne mettons pas plus l’accent sur cet événement? On ne peut certainement pas attribuer cela à une position amoindrie de la doctrine. Dans le Nouveau Testament aussi bien que dans le Livre de Mormon, une attention sans égale est accordée à la première Pâques. À Jérusalem, on courait “avec crainte et une grande joie”2 pour apporter aux autres la nouvelle de Sa victoire. Dans le nouveau monde, beaucoup se sont rassemblés au temple et se sont émerveillés devant les signes et les grands changements qui s’étaient produits.3 Même la pratique du respect du jour de sabbat le dimanche peut être retracée jusqu’aux premiers saints qui se sont réunis le jour de la résurrection de Jésus.
En plus des prophètes et des saints de l’Antiquité qui célébraient Pâques, nos prophètes modernes ont classé Pâques comme notre commémoration la plus importante. Lors de trois discours de Conférence générale, le Président Hinckley a expressément déclaré que le matin de Pâques était “le plus grand” événement de tous les temps. Dans sa dernière déclaration, il a même renforcé ce superlatif en ajoutant : “Je n’hésite pas à le dire.” D’autres prophètes modernes ont aussi rendu leur témoignage de cet événement particulier.4
Malgré toutes ces paroles de nos prophètes modernes et des textes de nos Écritures de base, il est toujours assez étrange que nous, parmi tous les chrétiens du monde, ayons du mal à célébrer réellement Pâques comme il faut. Mais des études montrent que nous nous préparons souvent pour Pâques avec presque la même intensité que nous accordons à la fête nationale et avec une intensité moindre que celle que nous accordons à Noël.5 En combinant ces deux éléments, l’importance dans notre doctrine et notre négligence dans la pratique, cela nous oblige à nous poser la question introspective suivante : Pourquoi avons-nous du mal avec cela quand tant de nos voisins chrétiens pratiquant accordent une attention comme il faut à Pâques?
Je crois que la réponse à cette question se trouve dans notre différence d’avec les autres formes de christianisme. Plus simplement dit, nous, saints des derniers jours, avons tendance à omettre les traditions chrétiennes non-scripturales. Pourtant, en omettant ces traditions de Pâques, nous nous handicapons en chemin. Comme nous n’avons pas de Mardi Gras, ni de Carême, nous ne savons jamais réellement quand Pâques est sur le point d’arriver.
Comment remédier à ce problème?
Puisque le problème est centré sur le fait de ne pas avoir d’indicateurs pré-Pâques, pourquoi ne pas observer les indicateurs flagrants pré-Pâques que l’on trouve dans les Écritures? Le meilleur indicateur pré-Pâques qui se trouve, pour tous les chrétiens, dans les Écritures est sans aucun doute le début officiel de la semaine de Pâques. Dans chacun des quatre Évangiles du Nouveau Testament, les auteurs mentionnent en détail le début du ministère de Jésus, plus connu sous le nom de “l’entrée triomphale.” Cela s’est produit lorsqu’il est entré solennellement dans Jérusalem au début de la fête de Pâques et que la foule a afflué pour le voir et l’accueillir. De nos jours, on se souvient de cet événement, dans la chrétienté, comme du dimanche des Rameaux. Pour les chrétiens ce jour marque le début de leur célébration officielle de Pâques.
Nous ferions bien de laisser également l’entrée triomphale débuter notre semaine de Pâques. Ces dernières années, l’Église a fait des efforts concertés pour améliorer notre culte de Pâques. Début 2014, l’Église a annoncé des initiatives spéciales de Pâques, telles que : “Grâce à Lui” (2014), “Il vit” (2015), “Alléluia” (2016), et cette année : “Le Prince de la Paix.” Il faut tout spécialement relever que pour la vidéo de 2015, l’initiative de Pâques met l’accent de manière séparée sur chacun des huit jours de la célébration de Pâques. Ce message abordait également l’idée que pour le début de la semaine de Pâques, nous devrions d’abord porter notre attention sur l’entrée triomphale. Et, la semaine dernière, lors de son discours de Conférence générale, pendant la session du samedi après-midi, Elder Ballard nous a conseillé de célébrer le dimanche des Rameaux afin de nous préparer pour le dimanche de Pâques.6
Comprendre la Semaine Sainte
Alors quelles seraient les bonnes façons de célébrer le Dimanche des Rameaux? La première serait de comprendre plus pleinement ce qui s’est produit ce dimanche-là, il y a de nombreuses années. D’après ce que les Écritures nous décrivent, le Sauveur a passé la plus grande partie de son ministère en Galilée, puis il est descendu à Jérusalem seulement de temps à autre pour participer au repas de la Pâque. Lorsque son ministère touchait à sa fin, il s’est dirigé vers Jérusalem une dernière fois. Sur le chemin, il est allé chez Marthe et Marie qui vivaient juste de l’autre côté de la colline de Jérusalem. Là, dans une démonstration spectaculaire de son pouvoir sur la mort, il a ramené Lazare à la vie, même après que son corps ait commencé à se désagréger (voir Jean 11).
Peu après, lorsqu’il faisait route vers Jérusalem, il a organisé son entrée finale en se procurant un ânon pour accomplir une prophétie.7 Il est entré dans la ville par l’Est. En raison de la Pâque, de la résurrection de Lazare et de son entrée libre dans la ville, une grande foule est venue l’accueillir. Ils l’ont particulièrement honoré par deux actions symboliques. Premièrement, ils ont couvert son chemin de leurs vêtements, symbole de l’accueil fait à un roi lorsqu’il entre dans une ville. Deuxièmement, ils ont utilisé des branches de palmier pour représenter sa victoire sur tout. La présence de ces deux symboles ne doit pas être négligée. Le prince (vêtements sur son chemin) de la paix (l’ânon) entre victorieux (les branches de palmier) dans la ville. Quel symbolisme puissant a accompagné cette première entrée triomphale.
Mais serait-il possible que, peut-être, il s’agissait plus d’une foule curieuse qui avait entendu parler de ce Jésus et avait finalement l’opportunité de le voir? Non, cette notion a été totalement dissipée par la salutation messianique que la foule a lancée ce dimanche matin-là. “ Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d’Israël.” Les Pharisiens étaient hors d’eux, outragés et ils l’ont injurié à cause de la dévotion de la foule. Sa réponse a été une remarque directe sur la façon dont même les pierres crieraient s’il faisait taire leurs louanges.8 Ainsi l’entrée triomphale est devenue la démonstration la plus publique de soutien envers Jésus lors de tout son ministère mortel. Qu’il est intéressant de remarquer que dans le plan du Père pour son Fils bien-aimé, quatre jours avant qu’il ne descende en-dessous de tout, il a été loué et adoré par la majorité.
Alors quels aspects de l’entrée triomphale pourrions-nous inclure dans nos activités du dimanche des Rameaux? Voici une liste d’idées potentielles.
1. On peut reconstituer les trois symboles dominants de cette entrée triomphale dans la ville. Les petits enfants aiment monter sur le dos d’un ânon de fortune (c-à-d. papa) pendant que les autres peuvent lancer des fleurs d’abricotier ou de pêcher en l’air et placer des couvertures par terre devant la procession.
- On pourrait ensuite discuter de ces trois actes symboliques et de la façon dont Jésus était la parfaite incarnation de chacun de ces symboles.
- On pourrait rendre service à quelqu’un ce jour-là. Le service est l’une des façons les plus sûres de ressentir de la paix dans notre coeur. Et on pourrait relier cela au fait que le dimanche des Rameaux on accueille le Prince ou en d’autres termes celui qui nous donne la paix dans notre vie et notre foyer.
- Finalement, on pourrait parler plus en détails de l’expression : Hosanna et de sa signification en hébreux : “sauve-nous maintenant,” ou “le salut est maintenant.”C’était une proclamation messianique lors de l’entrée triomphale et elle signifiait que les gens acceptaient Jésus comme leur Messie et Sauveur personnel (voir Psaumes 118:25-26). De même, le parallèle de nos jours à cela est le Hosanna que l’on exprime lors de la cérémonie de consécration de nos temples. En substance, lors la dédicace de nos temples, nous proclamons, comme ceux qui étaient présents lors du dimanche des Rameaux : ‘Toi, Seigneur, tu es notre Messie et nous t’acceptons maintenant dans notre vie et dans ta sainte maison.’
Il y a quelques années, j’ai réalisé à quel point mes propres enfants en comprenaient peu sur ce symbolisme profond. Nous avions tous assisté à la consécration d’un temple dans le centre de pieu de notre région. Après la consécration, sur le chemin de retour à la maison, j’ai demandé à mes enfants ce qui leur avait plu le plus lors des réunions de consécration. Ils ont mentionné avec enthousiasme la beauté du bâtiment, le discours du prophète et les chants du choeur. Cependant, ils ont négligé de mentionner ce que j’espérais entendre. Donc, lorsque la conversation a commencé à s’atténuer, j’ai posé la question : “Alors qu’est-ce que vous avez pensé du Hosanna?” Après un silence embarrassant, ma fille aînée a lâché : “Papa, c’était un peu bizarre!” Et c’est là que ça m’a frappé. Je n’avais rien fait pour mettre cet événement en lien avec la majesté de l’entrée triomphale et ce moment particulier lorsque la foule a crié de joie : ‘Sauve-nous maintenant, notre Messie.’
Lorsque nous arrivons à apprécier pleinement l’expression répétée du Président Hinckley : “C’était le plus grand événement de l’histoire de l’humanité” alors je crois que nous saisirons la signification d’une longue semaine de célébration débutant par le dimanche des Rameaux.
- http://religionnews.com/2014/03/05/mormons-lent-cross-jesus/ (site en anglais)
- Matthieu 28:8
- 3 Néphi 11:1-2
- L’Etoile juillet 1994, juillet 1996, juillet 1999
- Celebrating Easter, Thomas Wayment and Keith Wilson, 2007, p.213-214
- Voir LDS.org
- Zacharie 9:9
- Jean 12:13 ; Luc 19:40
La version originale de cet article a été écrite par Keith J. Wilson, publiée sur ldsmag.com et traduite par Nathalie.