Lorsque trois nouveaux apôtres ont été soutenus comme nouveaux membres du Collège des Douze, les membres de l’Eglise se sont précipités pour en savoir un peu plus sur ces hommes et leurs épouses. Beaucoup se sont intéressés à Sœur Ruth Renlund, ancienne avocate et mère d’une fille. Une interview de Ruth sur The Mormon Women Project en a fait un portrait magnifique, humble et honnête.
Ce qui s’est passé par la suite n’est pas très joli.
L’article de MWP a par la suite été submergé de jugements et de commentaires durs sur Sœur Renlund l’accusant d’avoir ignoré les conseils des Prophètes, d’assouvir sa propre vanité et de négliger ses responsabilités parentales.
Ces commentaires ne sont pas venus d’anti-Mormons ou de polémiques lancées, les mots accusateurs ont été écrits par nous,
les membres saints,
principalement des femmes,
des Sœurs en Sion.
il y a donc un problème…
Il y a beaucoup à dire et j’espère que vous interviendrez, mais que ça soit clair : j’ai confiance en Ruth Lybbert Renlund et en sa capacité à prendre de bonnes décisions. J’ai confiance en sa relation avec Dieu, je sais qu’Il a un plan pour Ruth qui est différent du mien et j’ai aussi confiance en VOUS.
Chacun d’entre nous marche sur un chemin différent, nous vivons tous avec nos propres circonstances et nous recevons nos propres révélations. Nous ne pouvons pas nous juger.
Mais nous le faisons.
Les femmes qui travaillent se sentent jugées par les membres depuis des années, mais je pense que les commentaires méchants sur MWP montrent la confusion et l’insécurité des femmes au foyer qui sacrifient une carrière et voient des femmes de carrière recevoir des louanges et de la reconnaissance dans l’église.
Mon ami Jacque et moi parlons souvent de ce phénomène. Jacque occupe un poste de cadre très bien payé, apprécie le respect de ses collègues et voyage à travers le monde lors de conférences. Mais c’est la première à dire que ce n’est pas aussi bien que ça en a l’air. Mère dévouée de quatre enfants exceptionnels, Jacque a souffert de commentaires cruels sur sa situation professionnelle de la part de membres de l’église pendant deux décennies. Ces dernières années elle est également devenue la coqueluche des universités appartenant à l’église qui lui demandent de venir parler à ses étudiantes.
J’ai récemment pris part à une discussion sur facebook dans laquelle une mère et chef d’entreprise disait qu’elle se sentait comme une étrangère parce que sa carrière n’était pas aussi bien que celle des autres femmes de sa congrégation. Elle a même reçu quelques conseils comme « pars en voyage d’affaire et vois si tu peux être plus reconnue. »
Nous vivons à une époque où l’église encourage l’instruction et les femmes à faire fructifier leurs talents. La reconnaissance se voit chez les femmes appelées à servir au sein des Présidence Générales d’Auxiliaire. Se réjouir pour nos sœurs est nécessaire, bon et bien. Mais cela ne veut pas dire que les mères au foyer doivent manquer de confiance en elles. Que l’église applaudisse nos sœurs ne veut pas dire que notre travail n’est pas apprécié.
Croyez-moi, j’en connais beaucoup sur le manque de confiance en soi. Il est arrivé que des gens me tournent le dos et partent quand je leur répondais que je suis mère au foyer de 6 enfants. J’ai entendu des commentaires blessants sur mon manque d’intelligence ou de volonté ou de talent. J’ai pensé retourner à l’école ou au travail. Mais comme Ruth Renlund, j’ai prié pour prendre ma décision et pour moi, la réponse a toujours été « Reste à la maison, reste à la maison, reste à la maison. » Cette réponse est restée la même pendant de nombreuses années.
Mon amie Shelah, aussi mère de six enfants, aimerait enseigner au lycée. Pour Shelah c’est une décision faisable et prise à l’aide de la prière ; elle ne l’a pas prise rapidement ou sans y réfléchir profondément. Et bien que le plus jeune de Shelah n’ait que quatre ans, je pense que c’est parfait pour sa famille. Enseigner à l’école ne m’irait pas, mais je ne suis pas Shelah et Shelah n’est pas moi. Nous ne voyageons pas sur le même chemin dans cette vie.
Nos chemins peuvent se croiser et parfois être parallèles et nous avons la responsabilité sacrée de nous édifier et nous aider les unes les autres. Et plutôt que de se sentir toutes en dehors du coup, nous pourrions peut-être tracer un plus grand cercle et inclure toutes nos sœurs dedans.
Par Michelle L., pour Segullah, le 18 février 2016